Il
est étonnant de constater que le terme de démocratie, tout comme le
concept, a été inventé en Grèce, certes il y plus de 25 siècles,
un pays qui est, aujourd'hui, au bord du gouffre. Plus étonnant
encore, ce sont les États-Unis qui se font les champions de cette
démocratie qu'ils déversent aux quatre coins de notre planisphère
avec les déboires, les résultats et les dénouements que tout le
monde connaît. Finalement, il ne se passe pas une journée, que
dis-je, une heure, sans que le mot démocratie ne soit prononcé par
un prétendu spécialiste qui préfère en parler plutôt que
d'essayer de l'appliquer. D'ailleurs, en insistant lourdement, il
finira par admettre que ça n'existe pas sauf, peut-être, dans
quelques cantons reculés de la Suisse, le pays des coffre-forts,
comme par hasard. Si la finance et la démocratie ne font pas
toujours bon ménage, l'une et l'autre, séparément ou
consécutivement, servent souvent de détergent pour les peuples
qu'on décrasse.
Pour
qu'une démocratie fonctionne réellement, il faut que tous les
citoyens soient investis dans le pouvoir et la gouvernance de leur
pays. Si chacun se désintéresse et finit par ne plus exercer ses
droits et ses devoirs, tout le pouvoir revient au gouvernement et ce
n'est plus le peuple. Il faut donc que chaque personne soit intégrée
dans les appareils étatiques, de décision. Cela suppose d'une part
que les institutions laissent un pouvoir d'action aux citoyens mais
aussi que les citoyens ne se désinvestissent pas de la vie
politique.
Des
élections ne suffisent pas à faire d'un état, quel qu'il soit, une
démocratie. Si entre chaque scrutin, les électeurs n'ont plus la
possibilité de s'exprimer sous le fallacieux prétexte qu'ils ont
voté et choisi leurs représentants, il est permis de douter de la
réalité de la démocratie. Et je ne parle pas de république.
Le
cas de la France a cela d'intéressant qu'elle se dit républicaine
et démocratique alors que de sérieux indices laisseraient à penser
qu'il n'en est rien. Certes il y a des élections, que les politiques
appellent des consultations populaires, sans doute pour se donner
bonne conscience, mais une fois les élus installés il n'y a plus de
place pour le dialogue.
La
Cinquième République n'est jamais qu'une Restauration déguisée.
Le Général de Gaulle, qui entretenait des relations suivies avec le
Comte de Paris, s'était d'ailleurs exprimé clairement, mais en
privé, en disant « C'est un roi qu'il faut à la France ! ».
Notre pays, contrairement à ce que tout le monde croit, est une
monarchie quinquennale. Après les cinq années du règne de Nicolas
Sarkozy, avec un gouvernement et un parlement UMP totalement dévoués,
celui de François Hollande s'est installé avec les mêmes
caractéristiques.
Depuis
quelques années, les agences de notation financières, qui existent
depuis bien longtemps, pèsent de tout leur poids sur la vie des
états, au risque de les faire capoter. Puisque certaines de ces
agences sont américaines, qu'elles ne travaillent pas gratuitement
pour dégrader les états et qu'elles attribuent ou retirent, selon
leur humeur, des triples A (ou des AAA), j'ai décidé de réfléchir
à une agence de notation qui s'occuperait de la démocratie. J'ai
donc rédigé le plan d'une ébauche de protocole que vous trouverez
sur une page séparée de ce blog.
L'ensemble
des thèmes abordés dans cette ébauche de protocole peut aider à
l'élaboration d'une grille d'évaluation selon des critères qui
resteront malgré tout subjectifs. L'utilisation de grilles telle que
celle reproduite en annexe pourra donner une idée sur les
applications pratiques de la démocratie. Une chose est certaine :
aucun pays ne saurait prétendre à un triple A, qui correspondrait,
dans l'idéal, à une démocratie directe dans laquelle la population
tout entière s'occuperait de tout elle-même.
Vouloir
imposer la démocratie (dans sa vision occidentale) à toutes les
régions du globe est sans doute une grossière erreur :
l'occident, vingt-cinq siècles après l'invention du concept, n'en
applique qu'une partie ridicule (les élections), d'autres peuples ne
sauront pas faire ce parcours sur ordre des armées américaines.
Dans
une période où il faut raisonner européen, la démocratie risque
de s'effacer au profit (dans tous les sens du terme) des groupes
financiers et industriels.
Il
revient aux citoyens de veiller à ce que pareille chose ne se
produise pas.