dimanche 23 décembre 2012

Une Agence de Notation Démocratique, et pourquoi pas...

Il est étonnant de constater que le terme de démocratie, tout comme le concept, a été inventé en Grèce, certes il y plus de 25 siècles, un pays qui est, aujourd'hui, au bord du gouffre. Plus étonnant encore, ce sont les États-Unis qui se font les champions de cette démocratie qu'ils déversent aux quatre coins de notre planisphère avec les déboires, les résultats et les dénouements que tout le monde connaît. Finalement, il ne se passe pas une journée, que dis-je, une heure, sans que le mot démocratie ne soit prononcé par un prétendu spécialiste qui préfère en parler plutôt que d'essayer de l'appliquer. D'ailleurs, en insistant lourdement, il finira par admettre que ça n'existe pas sauf, peut-être, dans quelques cantons reculés de la Suisse, le pays des coffre-forts, comme par hasard. Si la finance et la démocratie ne font pas toujours bon ménage, l'une et l'autre, séparément ou consécutivement, servent souvent de détergent pour les peuples qu'on décrasse.
Pour qu'une démocratie fonctionne réellement, il faut que tous les citoyens soient investis dans le pouvoir et la gouvernance de leur pays. Si chacun se désintéresse et finit par ne plus exercer ses droits et ses devoirs, tout le pouvoir revient au gouvernement et ce n'est plus le peuple. Il faut donc que chaque personne soit intégrée dans les appareils étatiques, de décision. Cela suppose d'une part que les institutions laissent un pouvoir d'action aux citoyens mais aussi que les citoyens ne se désinvestissent pas de la vie politique.
Des élections ne suffisent pas à faire d'un état, quel qu'il soit, une démocratie. Si entre chaque scrutin, les électeurs n'ont plus la possibilité de s'exprimer sous le fallacieux prétexte qu'ils ont voté et choisi leurs représentants, il est permis de douter de la réalité de la démocratie. Et je ne parle pas de république.
Le cas de la France a cela d'intéressant qu'elle se dit républicaine et démocratique alors que de sérieux indices laisseraient à penser qu'il n'en est rien. Certes il y a des élections, que les politiques appellent des consultations populaires, sans doute pour se donner bonne conscience, mais une fois les élus installés il n'y a plus de place pour le dialogue.
La Cinquième République n'est jamais qu'une Restauration déguisée. Le Général de Gaulle, qui entretenait des relations suivies avec le Comte de Paris, s'était d'ailleurs exprimé clairement, mais en privé, en disant « C'est un roi qu'il faut à la France ! ». Notre pays, contrairement à ce que tout le monde croit, est une monarchie quinquennale. Après les cinq années du règne de Nicolas Sarkozy, avec un gouvernement et un parlement UMP totalement dévoués, celui de François Hollande s'est installé avec les mêmes caractéristiques.
Depuis quelques années, les agences de notation financières, qui existent depuis bien longtemps, pèsent de tout leur poids sur la vie des états, au risque de les faire capoter. Puisque certaines de ces agences sont américaines, qu'elles ne travaillent pas gratuitement pour dégrader les états et qu'elles attribuent ou retirent, selon leur humeur, des triples A (ou des AAA), j'ai décidé de réfléchir à une agence de notation qui s'occuperait de la démocratie. J'ai donc rédigé le plan d'une ébauche de protocole que vous trouverez sur une page séparée de ce blog.
L'ensemble des thèmes abordés dans cette ébauche de protocole peut aider à l'élaboration d'une grille d'évaluation selon des critères qui resteront malgré tout subjectifs. L'utilisation de grilles telle que celle reproduite en annexe pourra donner une idée sur les applications pratiques de la démocratie. Une chose est certaine : aucun pays ne saurait prétendre à un triple A, qui correspondrait, dans l'idéal, à une démocratie directe dans laquelle la population tout entière s'occuperait de tout elle-même.
Vouloir imposer la démocratie (dans sa vision occidentale) à toutes les régions du globe est sans doute une grossière erreur : l'occident, vingt-cinq siècles après l'invention du concept, n'en applique qu'une partie ridicule (les élections), d'autres peuples ne sauront pas faire ce parcours sur ordre des armées américaines.
Dans une période où il faut raisonner européen, la démocratie risque de s'effacer au profit (dans tous les sens du terme) des groupes financiers et industriels.
Il revient aux citoyens de veiller à ce que pareille chose ne se produise pas.

mardi 18 décembre 2012

Les agences de notation, mode d'emploi.

Ces articles sont parus dans le Figaro du mois d'octobre 2011 (voir références à la fin de chaque article)
Comment Moody's évalue le «AAA» de la France 
En mettant sous surveillance la perspective du «AAA» de la France, l'agence de notation a promis de prendre position d'ici trois mois. Explication sur une méthodologie si souvent contestée.
En mettant sous surveillance la perspective du AAA de la France, l'agence de notation Moody's a promis de prendre position d'ici trois mois. Depuis, le gouvernement, les marchés, l'opinion publique sont suspendus à cette décision cruciale. Elle sera prise à l'issue d'un processus en trois grandes étapes, un peu plus compliqué que l'élaboration du guide Michelin : entre la couronne du «AAA» et triple bonnet d'âne du «C», il y a bien une vingtaine de gradations subtiles, destinées à mesurer le risque de défaut d'un État.
1- Deux analystes supervisent la collecte d'informations 
Moody's dispose de sept bureaux en Europe, dont un à Paris, boulevard Haussmann, où Jean-Luc Mélenchon a déposé ses paniers d'«andouillettes AAAAA» le mois dernier. Selon nos sources (Moody's se refuse à divulguer ce type de détails), deux analystes - un «lead» et un «back-up» dans le jargon - sont chargés de la France, supervisés par un responsable régional de la dette souveraine européenne et un responsable global. L'analyste numéro un pour la France est un Allemand francophone, basé à Francfort. «Ce sont des équipes expérimentées (15 ans en moyenne), multinationales car il est essentiel de pouvoir assurer la comparaison des notations entre les pays», souligne un proche de l'agence. Le rôle des analystes, dans un premier temps, est de collecter les informations brutes, auprès de l'agence France Trésor, chargée de la gestion de la dette, du ministère des Finances ou encore de la Banque de France. Ce travail est complété par des prévisions macroéconomique internes et une recherche de données plus spécifiques sur les banques ou le tissu économique en général.
2- Les données sont intégrées dans un modèle d'analyse maison 
Tous ces éléments sont ensuite moulinés dans un modèle d'analyse propre, que Moody's baptise sa «méthodologie». Ce texte fondateur est publié sur son site interne et s'applique à tous les pays. «Cette méthodologie très rigoureuse contrebalance le fait que le travail d'analyse est fait par un petit nombre de personnes», commente un expert. Cette grille d'analyse prend en compte des paramètres quantitatifs - de la structure de la dette aux statistiques économiques - mais aussi des critères qualitatifs, comme la marge de manœuvre politique d'un gouvernement.
3- Le comité d'une quinzaine de sages attribue la note 
En fonction de leurs conclusions, les analystes - ou les responsables du métier voire un haut gradé de l'agence - peuvent convoquer un comité de notation, seul habilité à dégrader (ou relever) une note. Ce comité d'une quinzaine de membres est à géométrie variable selon la situation. Il est organisé pour susciter un débat contradictoire. La décision se prend à la majorité, chaque membre bénéficiant d'une voix. Le choix de pointer la perspective de la France, le mois dernier, montre bien que ce comité marche sur des œufs compte tenu de l'implication désormais considérable de ses choix. Si le comité de notation décide de modifier son opinion, il prévient l'État concerné douze heures avant de publier un communiqué.
L'opération «andouillette» de Mélenchon chez Moody's
Le candidat du Front de gauche à la présidentielle a livré des «andouillettes AAAAA» aux employés de l'agence de notation.
Belle opération de communication pour Jean-Luc Mélenchon qui s'est rendu vendredi au siège parisien de l'agence de notation Moody's, boulevard Haussmann à Paris. Le candidat du Front de gauche, l'alliance de la gauche radicale, était accompagné d'une vingtaine de militants qui scandaient dans le hall de l'entreprise: «AAA, nous ne sommes pas des andouillettes!».
Des andouillettes ont d'ailleurs été offertes à des employés de l'agence américaine qui a mis la note de la France sous surveillance pendant trois mois. Ces agences pour Jean-Luc Mélenchon sont «des bandes de vampires» qui «obligent des gouvernements serviles à se mettre à genoux devant eux». Avec cette action coup de poing, le député européen et co-président du Parti de gauche entend «faire peur» aux agences, «leur montrer que nous sommes en France, que nous avons la tête dure et que l'on n'égorge pas les gens impunément.»
Dans le hall commun à plusieurs entreprises ou une plaque en cuivre discrète indique l'agence de notation, un cadre, chargé de portefeuille, a commenté : «C'est facile pour les politiques de venir critiquer les agences qui ne sont que des reflets de la situation… » Jean-Luc Mélenchon promet d'autres initiatives de ce type pendant sa campagne.

samedi 1 décembre 2012

Du grand dialogue au grand mépris...

Des Nouvelles du Groupe La Poste...
Les quatre articles qui suivent ont été publiés dans un tract SUD en Novembre de cette année et a été diffusé dans les départements de l'Eure et de la Seine Maritime.
 Le mensonge, c'est maintenant !
Comment accorder le moindre crédit à une direction qui a massacré nos emplois et nos conditions de travail ces dernières années?
Certains pouvaient espérer que le rapport Kaspar améliorerait un peu les choses, mais les dernières illusions ont été vite balayées. Pire encore c'est sur un terrain qui expérimente la conduite du changement qu'un collègue guichetier a mis fin à ses jours. Ce désaveu est celui de trop et Jean Paul Bailly et toute son équipe doivent partir.
Le gouvernement aussi doit prendre ses responsabilités. Ceux qui s'affichaient au coté des organisations syndicales lors de la votation citoyenne et qui rejetaient le projet de privatisation font maintenant la sourde oreille et enterrent définitivement le projet de retour à un EPIC.
Ce même gouvernement premier actionnaire de la Poste ne doit plus rester aveugle aux signaux d'alarme arrivant de toutes parts. Les postiers n'ont jamais autant souffert et si un geste fort n'est pas fait les suicides continueront. Dès la parution du rapport Kaspar, SUD a appelé les autres organisations syndicales à une riposte et à la grève, malheureusement sans succès.
La base doit pousser à la mobilisation et garantir le succès d'une journée de grève massive en janvier pour dire non au travail qui détruit et fait souffrir. Il est temps que les responsables prennent la porte.
La Poste aime le sport mais pas les sportifs.
Trois jeunes contrats professionnels se souviendront de leur formation à la Plate-forme du Courrier (la PPDC) de Bois-Guillaume (Seine-Maritime). ils ont joué au ballon pendant leur temps de pause du midi (Ils étaient une dizaine) sur le parking de la PPDC. Où était leur formateur à ce moment, personne ne sait! Ces jeunes ont été sanctionnés avec une demande d'explication suivie d'un avertissement pour avoir joué au ballon, car ils ont pris le parking pour une cour de récréation. Ils ont oublié qu'ils étaient dans l'enceinte de la PPDC de Bois-Guillaume!
Les faits se sont déroulés en juillet. Suite à cet avertissement ils ont continué à exercer leur futur métier de facteur correctement jusqu'au 30 octobre. Certains n'ont pas eu leur diplôme mais les 3 jeunes qui ont réussi avec les félicitations de Promotrans (partenaire pour les formations professionnelles), ont été invités à aller voir ailleurs sous prétexte d'un comportement soit disant inadapté. Ils ont leur diplôme de magasinier en poche, mais ils ne pourront pas travailler à La Poste.
Dernière minute : la direction de la PPDC a organisé un tournoi de foot entre cadres et facteurs le 20 novembre. Ce tournoi a eu lieu non pas sur le parking de la PPDC, ce qui aurait été une mauvaise blague, mais dans une salle à Maromme (commune limitrophe).
Dépassements d'honoraires: à la santé des riches !
Le gouvernement voulait un accord à tout prix. Il a alors accordé tout ce qu'ils voulaient aux syndicats de médecins les plus corporatistes. Le beurre, l'argent du beurre et presque toute la crémerie. Désormais, les dépassements d'honoraires qui étaient déjà largement pratiqués par une partie des professions médicales sont officialisés et ne seront plus exceptionnels. Il est simplement « recommandé » de ne pas dépasser une fois et demie le tarif légal. Tous ceux qui hésitaient encore à augmenter leurs tarifs vont s'engouffrer dans la brèche. Et il y en a pour qui ça ne suffit pas: une minorité de toubibs pourris ont lancé une grève dont l'écho médiatique a été largement amplifié, alors qu'une contre pétition lancée par des médecins honnêtes, partisans de l'hôpital public et de l'égalité d'accès aux soins, a été étouffée par les grands médias.
Mais la grève n'a pas duré longtemps. Ces gens là perdent trop d'argent s'ils ne travaillent pas! Imaginons que des salariés exigent et obtiennent un salaire une fois et demi plus élevé ! On entendrait des hurlements de haine de la part des privilégiés de la société.
Qui va payer tout ça ? Les complémentaires et les mutuelles seront mises à contribution. Les assurances privées vont se ruer sur ce nouveau marché. Au final, ce sont les malades qui vont payer avec l'augmentation des cotisations.
Une autre politique serait pourtant possible. Rêvons un peu : que la Sécu rembourse à 100%, comme c'était le cas après la guerre jusqu'en 1967 ; que le patronat paye ses milliards d'arriérés de cotisations (et non de charges comme ils disent) ; que la médecine libérale soit abolie, le paiement à l'acte supprimé et que les médecins soient salariés, formés tout au long de leur carrière et installés en fonction des besoins de la population ; que les trusts pharmaceutiques soient nationalisés et la recherche médicale soit mise au service de la médecine et pas du profit.
Le goupillon et le timbre poste.
On connaissait bien l'union sacrée entre l'armée et l'église, moins entre la poste et l'église ... mais le directeur de la DAST NPDC n'avait pas pu trouver d'autre salle pour réunir le CSRH enseigne de Rouen que dans des locaux appartenant à l'archevêché!
Nous voici donc tous rassemblés pour écouter la bonne parole. Il y a urgence à nous convaincre du bien fondé du grand dialogue et des propositions locales qui en découlent. Effectivement, il faudrait convoquer toutes les puissances divines et encore pour que nous soyons persuadée que demain tout ira mieux :
  • Nous aurons un entretien d'appréciation intermédiaire (c'est vrai que le confessionnal régulièrement c'est mieux),
  • Nous irons vers une organisation prévisionnelle partagée (c'est vrai que les réorg annoncées d'avance ça change tout !).
Par contre,
  • Quand nous avons interrogés nos bons chefs sur le 2.3 grade de base, c'est pas possible;
  • Quand nous les avons interrogé sur le bidouillage des appels à candidature, c'est parce que nous ne sommes pas prêts,
  • Quand nous avons demandé moins de flicage dans le reporting, on a pas bien compris: l'allégement du reporting prévu par JP Bailly c'est pour les cadres !
Bref, P .Decourcelle (Directeur DAST) s'est beaucoup écouté parler et ne nous a pas répondu, comme d'habitude, sauf quand, dans l'assistance, on lui a fait remarquer son agressivité: évidemment encore un truc qu'on n'a pas compris. C'est nous les méchants!
Mais nous n'attendions pas grand-chose d'une équipe qui n'a jamais réuni un CT, bloque l'ordre du jour du CHS et ne répond à nos courriers qu'au bout de plusieurs mois. Grand Dialogue qu'ils disaient ...

dimanche 1 juillet 2012

La Poste se lance dans le dialogue.


« Le malentendu s’installe chaque fois qu’à partir d’un fait ou d’une question nous répondons par un “dialogue en conserve”, un dialogue explicatif, au lieu d’écouter les sentiments réels, le vécu intime. »
(Jacques Salomé : Papa, maman, écoutez-moi vraiment)
« Tout l’art du dialogue politique consiste à parler tout seul à tour de rôle. »
(André Frossard)
« Le plus difficile dans l'art du dialogue, ce n'est pas de parler, c'est d'apprendre à écouter. »
(Jean-Marie Petitclerc, Et si on parlait... du suicide des jeunes)
La Poste a toujours eu une fâcheuse tendance à imiter France Télécom. Cela date de l'époque où, toutes deux encore administrations de l’État, elles formaient ce qu'on appelait les PTT. Les traductions de ce sigle ont été nombreuses, burlesques et restent tenaces dans l'esprit du grand public (Petits Travailleurs Tranquilles). Pour une bonne partie de ses clients (ce ne sont plus guère des usagers depuis le changement de statut de France Télécom d'abord, puis de la Poste ensuite) les opinions reposent sur des clichés et des idées fausses telles celle-ci : les postiers sont payés avec les impôts des contribuables. Non, La Poste a son propre budget, de plus c'est elle qui reverse de l'argent à l’État car, il faut le savoir, la Poste fait des bénéfices!)
Petit rappel historique :
  • 1er janvier 1991 : La Poste, jusque-là une administration reliée aux télécommunications (PTT, Postes, Télégraphes et Téléphones, créée en 1925), devient un établissement public à part entière (loi du 2 juillet 1990)
  • 1er janvier 1999 : ouverture à la concurrence pour les lettres dont le poids est supérieur à 350 g (première directive postale européenne, adoptée en 1997)
  • 1er janvier 2003 : ouverture à la concurrence pour les lettres supérieures à 100 g (deuxième directive postale, adoptée en 2002)
  • 20 mai 2005 : loi sur la dérégulation postale pour faciliter l'ouverture du secteur à la concurrence. L'Autorité de Régulation des Télécoms (ART) se voit confier la régulation du secteur postal et est donc renommée Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP).
  • 1er janvier 2006 : ouverture à la concurrence pour les lettres supérieures à 50 g (toujours la deuxième directive postale), et création de la Banque Postale.
  • 1er janvier 2011 : fin du monopole de La Poste sur le courrier de moins de 50 g (troisième directive postale, adoptée en 2008).
Si La Poste ne peut s'empêcher de s'inspirer de la politique menée chez son ancien partenaire, quitte même à copier ses sottises et reproduire ses ratages, c'est tout simplement à cause de ces soixante années de gestion commune au sein du Ministère des PTT.
Ainsi, quand France Télécom a connu ceci :
Publié le 10/09/2010 :
« La situation ne s'arrange pas à France Télécom. En quinze jours, cinq employés de l'entreprise se sont donné la mort, à l'extérieur de leur lieu de travail, a indiqué vendredi une source syndicale. Si aucun lien avec leur activité professionnelle n'a pour l'heure été évoqué, l'affaire fait écho à la vague de suicides qui avait secoué la société de télécommunications à la rentrée 2009. Ces nouveaux décès portent à 23 le nombre de suicides dans l'entreprise depuis le début de l'année, contre 19 en 2009, a précisé à l'agence de presse Reuters, Sébastien Crozier, responsable syndical de CFE-CGC/Unsa.
L'information a été confirmée par France Télécom, qui n'a toutefois pas précisé le nombre exact de victimes. "C'est avec consternation et avec une grande tristesse que nous avons appris le suicide de plusieurs salariés du groupe", a déclaré un porte-parole de l'opérateur. Avant d'ajouter: "Ces salariés (…) n'avaient pas de lien entre eux et travaillaient dans des métiers distincts se sont donné la mort dans différentes régions de France." L'entreprise devrait procéder à des examens approfondis de la situation. »
Des agents de La Poste avaient été alertés.
Publié le 03/06/2010 :
Un syndicat de médecins du travail a publié le 20 mai dernier (2010) une lettre ouverte à la direction de la Poste, fustigeant sa gestion des ressources humaines. La Poste réaffirme ses engagements en matière de santé et de sécurité au travail.
Les mots sont durs. Dans une lettre ouverte adressée le 20 mai dernier à Jean-Paul Bailly, président de la Poste, un syndicat indépendant de médecins du travail pointe du doigt des dysfonctionnements graves au sein au groupe. Selon cette lettre également adressée à plusieurs ministres, la Poste créerait «des inaptes physiques et psychiques», notamment en raison de réorganisations du travail à répétition, ou de l'imposition «d'une très forte pression commerciale» sur les salariés.
Des «suicides ou des tentatives de suicides», un taux d'absentéisme pour maladie «qui atteint des seuils sans précédent», «des accidents du travail et des maladies professionnelles en très forte augmentation»… Voilà pour les symptômes. Le syndicat estime également que «l'indépendance du médecin du travail n'est plus assurée à la Poste», «le manque de moyen matériel et humain pouvant s'avérer être une forme d'entrave à notre exercice professionnel».
La direction de France Télécom avait décidé de trouver des solutions par le dialogue avec les syndicats.
Publié le 12/09/2010 :
"Cela vient nous rappeler que même s’il y a un nouveau dialogue social, depuis l’arrêt des mobilités forcées et des suppressions d’emplois, il reste beaucoup de risques psychosociaux dans l’entreprise", explique Pierre Morville, de la CFE-CGC-Unsa. Il pointe notamment une moyenne d’âge élevée (49 ans), un taux important de congés longue maladie, de dépressions et d’absentéisme chez France Télécom. A SUD, on est encore plus sévère: "Le climat dans l’entreprise n’a pas encore évolué sur le fond", juge Pierre Ackermann, qui demande de "revoir le fonctionnement de la chaîne hiérarchique et de certaines directions, en y associant les syndicats". Enfin, la CGT déclare que "pour remettre l’humain au coeur de l’entreprise, il faut remettre les moyens. La question de l’emploi et celle des méthodes de management posent encore problème. Les premières mesures prises sont loin de répondre au besoin de transformation de l’entreprise".
Pourtant, comme le dit un adage populaire (également valable dans les entreprises dites modernes), « on ne change pas une équipe qui gagne ! » (Cette expression est à prendre, on l'aura deviné, au sens figuré, voire ironique!)
Publié le 25/02/2011 :
Didier Lombard, le patron qui ne part pas. L’ex-PDG de France Télécom et ses méthodes avaient été mis en cause dans la vague de suicides -une trentaine entre janvier 2008 et fin 2009- qui ont frappé l’entreprise et qu’il avait qualifiés "d’effet de mode". Il y a un an, il lâchait donc les rênes opérationnelles du groupe avant de passer le relais officiellement ce 1er mars à Stéphane Richard, son successeur. Mais Didier Lombard ne prend pas pour autant sa retraite, a annoncé le groupe mercredi soir. Il devient "conseiller spécial" de Stéphane Richard "sur les orientations stratégiques et la vision technologique du groupe".
Et puis cette année, par effet de mimétisme, la vague de suicides atteint La Poste qui se retrouve brutalement sous les projecteurs de l'actualité. Les hiérarques de La Poste avaient pourtant été prévenus mais étaient restés sourds. Il faut avouer que La Poste a une particularité fort singulière qui en étonnera plus d'un : si elle calque, pour les raisons historiques vues plus haut, son comportement sur celui de France Télécom, s'inspire de ses réformes au risque de les singer et commet les mêmes erreurs, elle s'imagine que les choses tourneront différemment pour elle.
Les événements décrits ci-après en sont un exemple affligeant.
Publié le 12/03/2012 :
Le 29 février dernier, Jeremy Buan, un cadre supérieur de 28 ans, s'était donné la mort en se jetant du dernier étage de La Poste à Rennes, dans l'Ille-et-Vilaine. «Au vu de la lettre écrite par Jérémy avant son geste et rendue publique par sa compagne, on ne peut que dénoncer la souffrance au travail dont il a été victime et l'abandon qui l'ont conduit à mettre fin à ses jours», déplore la CGC dans un communiqué. «Cette situation n'est malheureusement pas exceptionnelle à La Poste. Et elle n'est pas propre à la Bretagne. De nombreux collègues sur l'ensemble du territoire subissent des pressions de plus en plus fortes de leur hiérarchie», précise Antoine Le Séguillon, un représentant du syndicat.
Depuis plusieurs mois, les organisations syndicales de La Poste dénoncent un «mal-être» grandissant au sein de l'entreprise. Elles avaient déjà été ébranlées par le suicide en septembre dernier d'une salariée de 52 ans qui s'était, elle aussi, défenestrée du quatrième étage du centre financier du 15e arrondissement à Paris, où elle venait de reprendre ses fonctions après un congé longue maladie. Et réclament aujourd'hui que ce suicide soit reconnu comme un accident du travail par La Poste.
Publié le 14/03/2012 :
Retrouvé pendu dimanche sur son lieu de travail, un cadre de la Poste avait documenté son geste. Il dénonce un acharnement depuis trois ans de la part de sa hiérarchie. Les syndicats appellent à la grève ce jeudi.
Le cadre de la Poste retrouvé pendu sur son lieu de travail ce dimanche dans le Finistère, en Bretagne, avait documenté son acte. Dans un dossier constitué de compte-rendus de réunions , de vidéos et d'enregistrements audio, l'homme détaille ses accusations contre l'entreprise. Il s'agit du deuxième suicide au sein la Poste bretonne en dix jours.
Dans les documents laissés derrière lui, le cadre quadragénaire, marié et père de deux enfants, explique notamment qu'il «considère la hiérarchie de la Poste (à tous niveaux) à l'origine de (s)a perte de repères». «Depuis plus de trois ans, j'ai l'impression d'un acharnement, d'une volonté hiérarchique de m'acculer», ajoute le cadre qui était en arrêt longue maladie depuis novembre.
La Poste, comme bon nombre d'entreprises (parmi lesquelles figure France Télécom) use de techniques de management singulières qui visent à transformer l'être humain en un pion interchangeable que l'on glisse dans les cases d'un fichier. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le « Service du Personnel » a changé de nom pour devenir « les ressources humaines » . Dans le même ordre d'idée, il n'est plus question des « salaires » mais de la « masse salariale ».
Cela donne un aperçu de ces méthodes de management, considérées par les spécialistes comme pathogènes.
Pathogène : adjectif. Qui est à l'origine des maladies.
Les Techniques de Management Pathogènes :
Il faut d’abord savoir que le juriste rattache les techniques de management pathogènes à la violation d’une règle de droit :
  • Le détournement du lien de subordination : incivilités à caractère vexatoire, refus de dialoguer, remarques insidieuses ou injurieuses, mots blessants, dénigrement et volonté de ridiculiser, moqueries.
  • Le détournement des règles disciplinaires : sanctions injustifiées basées sur des faits inexistants ou véniels ; atteinte aux avancements de grade et d’échelon, aux demandes de formation professionnelle ; évaluation et notation abusives.
  • Le détournement du pouvoir de direction : isoler, ne pas donner de travail, fixer des objectifs irréalisables, confier du travail inutile, changer arbitrairement d’affectation.
  • Le détournement du pouvoir d’organisation : modifier arbitrairement les conditions de travail ou les attributions essentielles du poste de travail.
Recenser les pratiques de management pathogènes est donc indispensable. Elles recoupent les règles de droit. La liste qui suit doit aider le manager, le salarié, son médecin du travail, son médecin généraliste, son psychiatre, à analyser les conditions de travail dans lesquelles il semble perdre sa santé.
La Poste a trouvé la solution miracle pour résoudre ses problèmes internes : reproduire le modèle fourni par France Télécom.
  • Une publicité tonitruante auprès des médias,
  • Une lettre envoyé à chaque postier,
  • Des engagements dont on se doute qu'ils ne relèvent que de la communication (dans le sens moderne du terme, c'est à dire : noyer le poisson),
  • Des promesses en tout genre pour apaiser les esprits, le personnel et les syndicats.
Publié le 18/03/2012 :
Après les suicides, La Poste ajuste sa réorganisation. Son PDG, Jean-Paul Bailly, a annoncé lundi «un grand dialogue pour améliorer la cohésion sociale» et un «calendrier plus détendu» pour la mise en place de certains projets de réorganisation.
Qualité de vie au travail : 10 mesures à effet immédiat.
Jean-Paul Bailly, Président-directeur général du Groupe La Poste a initié un cycle d’écoute sur la vie au travail par une semaine de rencontres avec les organisations syndicales du 16 au 21 mars dernier. Puis il a engagé une série de réunions plénières avec les partenaires sociaux dont une se tenait ce matin même. Au regard des engagements que le Président de la Poste a pris vis-à-vis des postiers en matière de qualité de vie au travail, la direction de la Poste décide la mise en place immédiate des 10 mesures suivantes :
  • Un budget exceptionnel de 20 millions d’euros est consacré aux mesures d’amélioration de la Vie au travail prises à l’issue du dialogue local.
  • 1000 recrutements supplémentaires sont réalisés en 2012.
  • Un cadre en charge des Ressources Humaines est affecté dans tout établissement de plus de 100 personnes afin que chacun puisse avoir accès à un responsable RH de proximité identifié et formé.
  • Aucune mobilité au-delà de 30 km n’intervient si elle n’est pas souhaitée.
  • Un délai d’au moins deux ans est respecté entre deux réorganisations pour mieux prendre en compte les enjeux de chacun.
  • Aucune nouvelle réorganisation n’est mise en œuvre jusqu’à ce que le protocole de conduite du changement que La Poste souhaite partager avec les syndicats soit finalisé ; les adaptations qui recueillent l’adhésion des postiers sont naturellement menées à leur terme.
  • En cas de mobilité suite à une réorganisation, la rémunération fixe et le dispositif de rémunération variable sont garantis.
  • Tout appel à candidatures sur son propre poste est proscrit.
  • Tout(e) postier(e) qui s’estime en situation de difficulté ou de fragilité bénéficie d’un suivi spécifique présenté périodiquement aux syndicats.
  • Tout(e) postier(e) en absence longue pour maladie bénéficie d’un suivi managérial continu et personnalisé notamment pour accompagner son retour au travail.
Un dispositif national de mise en œuvre effective et de suivi de ces mesures est mis en place.
Et puis, quand même, une idée originale et moderne : écouter ce que les postiers ont à dire, prêter attention à ce qu'ils pensent. Mais attention : on ne revendique pas. Cela a été précisé au début des sessions. Il n'est pas question non plus de s'égarer et de partir sur des terrains trop glissants : les thèmes ont été définis par la direction.
Les thèmes abordés par la commission :
  • Stratégie sociale et transformation,
  • Modèle d’organisation / Modèle de management,
  • Bilan social / mobilité / diversité et RSE (Responsabilité Sociale de l'Entreprise),
  • Dialogue social,
  • Médecine de prévention / assistance sociale,
  • Evolution du travail,
  • Nouveaux enjeux RH,
  • Impacts humains du changement.
Ce serait comme en 1789 (toute proportion gardée) : les cahiers de doléance sans la Révolution, les États Généraux sans la nuit du 4 août (la fameuse nuit de l'abolition des privilèges) ou la parole de la base sans la réponse de la direction.
Publié le 19/03/2012 :
Suicides : La Poste lance un grand dialogue social.
Le PDG de La Poste Jean-Paul Bailly a annoncé lundi à l'AFP des "ajustements" dans les réorganisations en cours dans le groupe et "un grand dialogue pour améliorer la cohésion sociale", après deux suicides de salariés survenus en Bretagne. Il a fait part de "quatre décisions importantes": "un grand dialogue au niveau national et local jusqu'au 15 septembre, un cycle rapide de négociations pour aboutir à un train de mesures concrètes d'ici le 30 avril, le report de six mois du déploiement de l'actionnariat salarié et la nomination d'une médiatrice de la vie au travail".
Le PDG a reçu la semaine dernière l'ensemble des organisations syndicales, dans le cadre d'un "cycle d'écoute et de dialogue sur la santé et le bien-être au travail". Ces consultations ont eu lieu après les drames récents qu'a connus le groupe, notamment les suicides en Bretagne de deux cadres du groupe, le 29 février et le 11 mars. L'un des cadres a laissé une série d'écrits bouleversants dans lesquels il accusait l'entreprise d'être à l'origine de sa "perte de repères" et faisait part de ses dernières volontés.
Jean-Claude Bailly a indiqué qu'il pourrait y avoir des "ajustements" dans les réorganisations et certains projets qui pourraient "trouver un calendrier plus détendu". Mais il a rejeté l'idée d'une pause globale des réorganisations, insistant sur le fait qu'il y avait "des centaines de projets en cours". "L'entreprise ne s'arrête pas. Une entreprise de la taille de La Poste ça se dirige en donnant du sens, en donnant du mouvement, pas en lui demandant de faire une pause", a-t-il insisté.
Qualité de vie au travail : Jean Kaspar nommé Président de la Commission du grand Dialogue de La Poste.
Le 19 mars dernier, Jean-Paul Bailly, Président-directeur général du Groupe La Poste annonçait 4 mesures pour améliorer la qualité de vie au travail et décidait de lancer un grand dialogue sur la vie au travail au sein de l’entreprise. Cette démarche se déroulera simultanément aux niveaux national et local. Dans chaque établissement de La Poste, un examen complet de la vie au travail sera réalisé avec les syndicats et les postiers au travers de réunions d’écoute, de dialogue et d’action.
Avec l’appui des membres de la commission, Jean Kaspar aura pour mission, d’analyser la situation de l’entreprise et de ses salariés, en matière de vie au travail. Pour mener à bien cette analyse, il aura toute latitude pour solliciter l’apport d’experts et de toute personne qu’il jugera utile d’auditionner. De même, la Commission pourra procéder à toutes les auditions et visites nécessaires, qu’il s’agisse de parties prenantes internes ou externes.
Jean Kaspar remettra dès le début du mois de septembre au Président de La Poste un rapport qui précisera l’analyse de la situation faite par la commission et formalisera toutes les préconisations et propositions qu’elle jugera utiles. La commission débutera ses travaux dès le mois d’avril. Elle tiendra ses séances au Siège du Groupe La Poste.
Le client (voir note ci-dessous) qui va chercher son recommandé ou acheter son timbre au guichet de son bureau de Poste, qui va placer ses économies auprès d'un conseiller financier ou qui va s'équiper d'un téléphone mobile ne sait en général pas que La Poste s'est scindée en différents métiers séparés les uns des autres par des organisations différentes. La séparation peut même être physique et solide : un mur sépare désormais les facteurs des guichetiers dans les locaux où ils coexistaient naguère. Une organisation, lorsqu'elle est menée à l'emporte-pièce, peut conduire à la désorganisation, à la pagaille. Les postiers ont déjà tous rencontré les tracasseries liées à ces restructurations continuelles et irréfléchies : l'accès aux sanitaires (pour le peu qu'ils soient situés dans une zone gérée par un autre métier), l'entretien des bâtiments (dévolu au métier qui a le plus de personnel), le partage de l'électricité, du téléphone, de l'eau, l'accès au parking du personnel (quand par chance celui-ci existe). Toutes ces tracasseries peuvent être perçues comme autant de formes de harcèlement quotidien.
Note : L'utilisation du terme « client » n'est pas fortuite. Les derniers fonctionnaires qui opèrent à La Poste préfèrent utiliser le mot « usager ».
Client : Personne qui reçoit d'une entreprise, contre paiement, des fournitures commerciales ou des services : Les clients d'un hôtel.
Usager : Personne qui a recours à un service, en particulier à un service public, ou qui emprunte le domaine public : Les usagers de la route.
Pour résumer, les métiers de La Poste peuvent se définir comme suit :
  • L’Enseigne : Elle rassemble les guichetiers des bureaux de Poste.
  • Le Courrier : il regroupe les facteurs (qui distribuent le courrier) et les agents qui l'acheminent.
  • Le Colis : Direction indépendante du Courrier et réservée aux paquets.
  • La Banque Postale : Ce sont les anciens CCP (Compte-Chèques Postaux) qui étaient devenus CRSF (Centre Régional des Services Financiers). A noter que les conseillers financiers des bureaux de Poste chez qui le client va placer ses économies ne fait pas forcément partie du personnel de la Banque Postale.
Ces métiers (ou ces Directions) ne sont pas les seules. Pour des renseignements complémentaires , cliquez sur le lien suivant :
Il existe une Direction Nationale qui travaille pour tous ces métiers : La DSEM (C'est à dire la Direction du Support Et de la Maintenance)
Cette direction assure le déploiement et la maintenance des équipements techniques et informatiques de la plupart des sites postaux. Elle est, comme toutes les autres entités du Groupe La Poste, touchée par le Grand Dialogue ». Voici ce qu'en pense le syndicat SUD.
Tract Sud du 18/06/2012 (extrait) :
Hubert Certes, directeur de la DSEM a présenté le grand dialogue au sein de la Direction Technique.
Comme partout, avec groupes d'écoutes des encadrants puis des agents sur les thèmes retenus par le Siège.
Evidemment, comme pour toutes les fois où les agents sont conviés à « s'exprimer », nous pensons que l'organisation de telles réunions par la hiérarchie directe n'est pas la meilleure des solutions. Mais, cette fois, au moins les agents de la DSEM auront l'occasion d'exprimer leur satisfaction des régimes de travail actuels.
A la suite de ces réunions, la direction de la DSEM organisera une réunion avec les syndicats pour nous présenter la synthèse dans la seconde quinzaine de juillet. Date butoir pour remonter les synthèses à la commission Kaspar…
Mais il faut savoir que la DSEM a une vision très curieuse (voire fantaisiste, sans rapport avec la définition du dictionnaire) et très personnelle du dialogue : un monologue qui va toujours dans le même sens. Il part toujours du haut et se répand vers le bas « en pluie fine » pour reprendre l'expression d'un Directeur Délégué que les agents des ATM de la Délégation Nord-Ouest connaissent bien.
Une telle mentalité de la part d'un Directeur Délégué ne laisse rien présager de bon pour le grand dialogue souhaité par La Poste. Avant d'engager toute espèce de concertation, pour que les choses aient l'air crédibles, peut-être aurait-il fallu recadrer les équipes dirigeantes ou les remplacer. Tant que la Direction du Groupe La Poste continuera à employer, recruter et soutenir des managers tenant des propos méprisants, les personnels qui œuvrent sur le terrain ne pourront que douter de la sincérité, ou du moins de l'efficacité de toute tentative de dialogue.
Définition du dialogue :
  • Conversation entre deux ou plusieurs personnes sur un sujet défini ; contenu de cette conversation ; entretien, discussion.
  • Discussion entre personnes, entre partenaires ou adversaires politiques, idéologiques, sociaux, économiques, en vue d'aboutir à un accord ; conversations, pourparlers.
Définition du dialogue social :
  • Le dialogue social recouvre tout ce qui favorise la compréhension entre les différentes composantes de la société.
  • Le dialogue social selon l'organisation international du travail inclut toutes formes de négociation, de consultation ou simplement d'échange d'informations entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur des questions d'intérêt commun liées à la politique économique et sociale.

vendredi 25 mai 2012

Proudhon: La Royauté du Peuple Souverain.


« Le 15 janvier 1809, naissance de Pierre-Joseph PROUDHON, à Besançon. Penseur, économiste, sociologue et révolutionnaire, considéré par certains comme le "Père de l'anarchisme", même si son oeuvre novatrice et variée n'est pas exempte de contradictions (en particulier sur la place des femmes dans la société, qui sera l'un des principaux griefs retenus contre lui). Après avoir travaillé dans l'imprimerie, un de ses premiers ouvrages voit le jour en 1840 : "Qu'est-ce que la propriété?". Ce livre fait immédiatement scandale et Proudhon échappe de peu à des poursuites judiciaires. En 1841 et 1842, paraîtront le 2è puis 3è mémoires sur la propriété. Le dernier "Avertissement aux propriétaires" est saisi. Proudhon, poursuivi, sera finalement acquitté.
Pendant l'hiver 1844, il rencontre, à Paris, Bakounine, Marx, etc. Le 15 octobre 1846, est publié : "Système des contradictions économiques ou philosophie de la misère". Il y a rupture avec Marx qui fait paraître, le 15 juin 1847 "La misère de la philosophie"; Proudhon y est traité de petit bourgeois.
Après la révolution de février 1848, Proudhon est élu, le 4 juin, aux élections complémentaire de l'Assemblée nationale. Le 31 juillet, il y prononce un violent réquisitoire contre la bourgeoisie. En 1849, il tente la création d'une "Banque du Peuple" qui ne rencontrera qu'indifférence.
Suite à trois articles parus dans "Le Peuple", il est condamné à trois ans de prison. Il y restera jusqu'en juin 1852. "Les confessions d'un révolutionnaire pour servir à l'histoire de la révolution de février", écrites pendant son incarcération, sont publiées en octobre 1849. "La révolution sociale démontrée par le coup d'Etat du 2 décembre" sort en juillet 1852. "De la justice dans la révolution et dans l'église", paru en 1858, lui vaut à nouveau 3 ans de prison, mais il se réfugie en Belgique, où il continue à écrire.
Il rentre à Paris fin 1862. "Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la révolution" paraît le 14 février 1863 alors que Proudhon est malade. "De la capacité politique des classes ouvrières" ne sortira qu'après sa mort, survenue le 19 janvier 1865.
Théoricien du fédéralisme et du mutualisme, sa pensée aura une profonde influence sur toute l'histoire sociale des 19ème et 20ème siècles. »
Qu'est-ce que le fédéralisme ?
« Le fédéralisme est un mode d'organisation dans laquelle chacun des membres dispose d'une large autonomie et délègue certains de ses pouvoirs à un organisme central, dit fédéral. Les membres participent collectivement et non individuellement aux décisions. Le fédéralisme s'applique aussi bien à des Etats qu'à des groupements ou associations (ex : syndicats, partis politiques, mutuelles...). »
Qu'est-ce que le mutualisme ?
« En économie, le mutualisme est une doctrine basée sur la mutualité ou coopération d'acteurs qui travaillent ensemble avec le souci de l'intérêt général de tous.
Le mutualisme nécessite confiance et compréhension. Il est aussi une éthique de vie et un système de valeurs de partage et de solidarité rejetant la recherche de profit. »
Qu'est-ce que l'anarchie ?
« L'anarchie est un système politique qui vise à l'émancipation de toute autorité ou tutelle gouvernementale. L'Etat est considéré comme n'étant pas nécessaire et aucun individu ne se trouve sous la domination d'un autre (absence de hiérarchie entre les hommes). Le système social anarchique est basé sur la libre entente des différentes composantes de la société.
Très souvent utilisé de manière péjorative, le terme anarchie désigne alors l'état de ce qui est sans commandement, sans lois. Il est synonyme de désordres, de confusion et de troubles qui n'ont rien à voir avec l'anarchie - système politique -, mais qui sont souvent liés à l'existence de pouvoirs concurrents.
En raison de ce double sens du mot anarchie, source de confusion, l'usage du mot libertaire, à la place d'anarchiste, s'est développé depuis la fin du XIXe siècle. »
(source de ces définition : toupie.org)
Que dire de « la Royauté du Peuple souverain » ?
Pour toute réponse, je reproduis un article de Proudhon, paru dans les Temps Nouveaux, et extrait de son ouvrage Qu'est-ce que la propriété.
(L'original est consultable sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81962w )
On s'entretient, avec un enthousiasme peu réfléchi, de la glorieuse Révolution française, de la régénération de 1789, des grandes réformes qui furent opérées, du changement des institutions : mensonge! Mensonge !
Lorsque sur un fait physique, intellectuel ou social, nos idées, par suite des observations que nous avons faites, changent du tout au tout, j'appelle ce mouvement de l'esprit : révolution.
S'il y a seulement extension ou modification dans nos idées, c'est progrès. Ainsi le système de Ptolémée fut un progrès en astronomie, celui de Copernic fit révolution. De même en 1789, il y eut bataille et progrès de révolution il n'y en eut pas. L'examen des réformes qui furent essayées le démontre.
Le peuple, si longtemps victime de l'égoïsme monarchique, crut s'en délivrer à jamais en déclarant que lui seul était souverain. Mais qu'était-ce que la monarchie? La souveraine d'un homme. Qu'est-ce que la démocratie ? La souveraineté du peuple, ou, pour mieux dire, de la majorité nationale. Mais c'est toujours la souveraineté de l'homme mise à la place de la souveraineté de la loi, la souveraineté de la volonté mise à la place de la souveraineté de la raison, en un mot, les passions à la place du droit. Sans doute, lorsqu'un peuple passe de l'état monarchique au démocratique, il y a progrès parce qu'en multipliant le souverain on offre plus de chances à la raison de se substituer à la volonté ; mais enfin il n'y a pas révolution dans le gouvernement, puisque le principe est resté le même. Or nous avons la preuve, aujourd'hui, qu'avec la démocratie la plus parfaite on peut n'être pas libre (1).
Ce n'est pas tout : le peuple-roi ne peut exercer la souveraineté par lui-même ; il est obligé de la déléguer à des fondés de pouvoir ; c'est ce qu'ont soin de lui répéter assidûment ceux qui cherchent à capter ses bonnes grâces. Que ces fondés de pouvoir soient cinq, dix, cent, mille, qu'importe le nombre et que fait le nom ? C'est toujours le gouvernement de l'homme, le règne de la volonté et du bon plaisir. Je demande ce que la prétendue Révolution a révolutionné?
On sait, au reste, comment cette souveraineté fut exercée, d'abord par la Convention, puis par le Directoire, plus tard confisquée par le premier consul. Pour l'empereur, l'homme fort, tant adoré et tant regretté du peuple, il ne voulut jamais relever de lui : mais comme s'il eut eu dessein de le narguer sur sa souveraineté, il osa lui demander son suffrage, c'est-à dire son abdication, l'abdication de cette inaliénable souveraineté et il l'obtint.
Mais enfin, qu'est-ce que la souveraineté? C'est, dit-on, le pouvoir de faire les lois (2). Autre absurdité renouvelée du despotisme. Le peuple avait vu les rois motiver leurs ordonnances par la formule : car tel est notre plaisir ; il voulut à son tour goûter le plaisir de faire des lois. Depuis cinquante ans (3), il en a enfanté des myriades, toujours, bien, entendu, par l'opération des représentants. Le divertissement n'est pas près de finir.
Au reste, la définition de la souveraineté dérivait elle-même de la définition de la loi. La loi, disait on, est l'expression de la volonté du suzerain : donc, sous une monarchie, la loi est l'expression de la volonté du roi ; dans une république, la loi est l'expression de la volonté du peuple. A part la différence dans le nombre des volontés, les deux systèmes sont parfaitement identiques : de part et d'autre l'erreur est égale, savoir que la loi est l'expression d'une volonté, tandis qu'elle doit être l'expression d'un fait. Pourtant on suivait de bons guides : on avait pris le citoyen de Genève pour prophète et le Contrat Social pour Alcoran.
La préoccupation et le préjugé se montrent à chaque pas sous la rhétorique des nouveaux législateurs. Le peuple avait souffert d'une multitude d'exclusions et de privilèges ; ses représentants firent pour lui la déclaration suivante : Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi ; déclaration ambiguë et redondante. Les hommes sont égaux par la nature : est-ce à dire qu'ils ont tous même taille, même beauté, même génie, même vertu ? Non c'est donc l'égalité politique et civile qu'on a voulu désigner. Alors il suffisait de dire: tous les hommes sont égaux devant la loi.
Mais qu'est-ce que l'égalité devant la toi ? Ni la constitution de 1790, ni celle de 1793, ni la charte octroyée ni la charte acceptée, n'ont su la définir. Toutes supposent une inégalité de fortunes et de rangs à côté de laquelle il est impossible de trouver l'ombre d'une égalité de droits. A cet égard, on peut dire que toutes nos constitutions ont été l'expression fidèle de la volonté populaire : je vais en donner la preuve.
Autrefois le peuple était exclu des emplois civils et militaires. On crut faire merveille en insérant dans la Déclaration des droits cet article ronflant: « Tous les citoyens sont également admissibles aux emplois ; les peuples libres ne connaissent d'autre motif de préférence dans leurs élections que les vertus et les talents. »
Certes, on dut admirer une si belle chose; on admira une sottise. Quoi ! Le peuple souverain, législateur et réformateur, ne voit dans les emplois publics que des gratifications, tranchons le mot : des aubaines. Et c'est parce qu'il les regarde comme une source de profits qu'il statue sur l'admissibilité des citoyens! Car à quoi bon cette précaution s'il n'y avait rien à gagner ? On ne s'avise guère d'ordonner que nul ne sera pilote, s'il n'est astronome et géographe, ni de défendre à un bègue de jouer la tragédie et l'opéra. Le peuple fut encore ici le singe des rois : comme eux, il voulut disposer des places lucratives en faveur de ses amis et de ses flatteurs ; malheureusement, et ce dernier trait complète la ressemblance, le peuple ne tient pas la feuille des bénéfices, ce sont ses mandataires et représentants. Aussi n'eurent-ils garde de contrarier la volonté de leur débonnaire souverain.
Cet édifiant article de la Déclaration des droits, conservé par les Chartes de 1814 et de 1830, suppose plusieurs sortes d'inégalités civiles, ce qui revient à dire d'inégalités devant la loi ; inégalité de rangs, puisque les fonctions publiques ne sont recherchées que pour la considération et les émoluments qu'elles confèrent ; inégalité de fortunes, puisque si l'on avait voulu que les fortunes fussent égales, les emplois publics eussent été des devoirs, non des récompenses ; inégalité de faveurs, la loi ne définissant pas ce qu'elle entend par talents et vertus.
Sous l'Empire, la vertu et le talent n'étaient guère autre chose que le courage militaire et le dévouement à l'empereur: il y parut, quand Napoléon créa sa noblesse et qu'il essaya de l'accoupler avec l'ancienne. Aujourd'hui l'homme qui paye 200 francs d'impositions est vertueux ; l'homme habile est un honnête coupeur de bourses; ce sont désormais des vérités triviales.
Le peuple enfin consacra la propriété. Dieu lui pardonne, car il n'a su ce qu'il faisait. Voilà cinquante ans qu'il expie une misérable équivoque. Mais comment le peuple, dont la voix, dit-on, est la voix de Dieu, et dont la conscience ne saurait faillir, comment le peuple s'est-il trompé ? Comment, cherchant la liberté et l'égalité, est-il retombé dans le privilège et la servitude ? Toujours par imitation de l'ancien régime.
Autrefois la noblesse et le clergé ne contribuaient aux charges de l'Etat qu'à titre de secours volontaires et de dons gratuits ; leurs biens étaient insaisissables même pour dettes tandis que le roturier accablé de tailles et de corvées, était harcelé sans relâche tantôt par les percepteurs du roi, tantôt par ceux des seigneurs et du clergé. Le mainmortable, placé au rang des choses, ne pouvait ni tester, ni devenir héritier; il en était de lui comme des animaux, dont les services et le croît appartiennent au maître par droit d'accession. Le peuple voulut que la condition de propriétaire fut la même pour tous : que chacun pût jouir et disposer librement de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie.
Le peuple n'inventa pas la propriété; mais comme elle n'existait pas au même titre que pour les nobles et les tonsurés, il décréta l'uniformité de ce droit. Les formes acerbes de ta propriété, la corvée, la mainmorte, la maîtrise, l'exclusion des emplois ont disparu ; le mode de jouissance a été modifié : le fond de la chose est demeuré le même. Il y eut progrès dans l'attribution du droit : il n'y a pas eu de révolution.
Voilà donc trois principes fondamentaux de la société moderne, que le mouvement du 1789 et celui le 1830 ont tour à tour consacrés :
  1. Souveraineté dans la volonté de l'homme, et, en réduisant l'expression, despotisme ;
  2. Inégalité des fortunes et des rangs ;
  3. Propriété : au-dessus la Justice, toujours et par tous invoquée comme le génie tutélaire des souverains, des nobles et des propriétaires ; la Justice, loi générale, primitive, catégorique de toute société.
L'inégalité politique et civile est-elle juste ? Les uns répondent: oui; les autres non.
  • Aux premiers je rappellerai que, lorsque le peuple abolit tous les privilèges de naissance et de caste, cela leur parut bon, probablement parce qu'ils en profitaient; pourquoi donc ne veulent-ils pas que les privilèges de la fortune disparaissent comme les privilèges de rang et de race ? C'est, disent-ils, que l'inégalité politique est inhérente à la propriété et que sans la propriété il n'y a pas de société possible. Ainsi la question que nous venons d'élever se résout dans celle de la propriété.
  • Aux seconds, je me contente de faire cette observation : Si vous voulez jouir de l'égalité politique, abolissez la propriété sinon, de quoi vous plaignez-vous?
Le Travail détruit la Propriété.
L'homme isolé ne peut subvenir qu'à une très petite partie de ses besoins : toute sa puissance est dans la société et dans la combinaison intelligente de l'effort universel. La division et la simultanéité du travail multiplient la quantité et la variété des produits; la spécialisation des fonctions augmente la qualité des choses consommables.
Pas un homme, donc, qui ne vive du produit de plusieurs milliers d'industriels différents ; pas un travailleur qui ne reçoive de la société toute entière sa consommation, et, avec sa consommation, les moyens de produire. Qui oserait dire, en effet : « Je produis seul ce que je consomme, je n'ai besoin de qui que ce soit ». Le laboureur, que les anciens économistes regardaient comme le seul vrai producteur, le laboureur, logé, meublé. vêtu, nourri, secouru par le maçon, le menuisier, le tailleur, le meunier, le boulanger, le boucher, l'épicier, le forgeron, et ainsi de suite, le laboureur, dis-je, peut-il se flatter de produire seul ?
La consommation est donnée à chacun par tout le monde ; la même raison fait que la production de chacun suppose la production de tous. Un produit ne va pas sans un autre produit : une industrie isolée est une chose impossible. Quelle serait la récolte du laboureur si d'autres ne fabriquaient pour lui granges, voitures, charrues, habits, etc. ? Que ferait le savant sans le libraire, l'imprimeur sans le fondeur et le mécanicien : ceux-ci, à leur tour, sans une foule d'autres industriels ? Ne prolongeons pas cette énumération trop facile à étendre de peur qu'on ne nous accuse de donner dans le lieu commun. Toutes les industries se réunissent par des rapports mutuels en un faisceau unique; toutes les productions se servent réciproquement de fin et de moyen; toutes les variétés de talents ne sont qu'une série de métamorphoses de l'inférieur au supérieur.
Or, ce fait incontestable et incontesté de la participation générale à chaque espèce de produit a pour résultat de rendre communes toutes les productions particulières, de telle sorte que chaque produit sortant des mains du producteur se trouve d'avance frappé d'hypothèque par la société. Le producteur lui même n'a, droit à son produit que pour une fraction dont le dénominateur est égal au nombre des individus dont la société se compose. Il est vrai qu'en revanche ce même producteur a droit sur tous les produits différents au sien, en sorte que l'action hypothécaire lui est acquise contre tous, de même qu'elle est donnée à tous contre lui mais ne voit-on pas que cette réciprocité d'hypothèques, bien loin de permettre la propriété, détruit jusqu'à la possession? Le travailleur n'est pas même possesseur de son produit : à peine l'a-t-il achevé, que la société le réclame.
(1) Voyez Tocqueville, De la démocratie aux États-Unis, et Michel Chevalier, Lettres sur l'Amérique du Nord. On voit dans Plutarque, Vie de Péricles, qu'à Athènes les honnêtes gens étaient obligés de se cacher pour s'instruire, de peur de paraître aspirer à la tyrannie.
(2) « La souveraineté, selon Toullier, est la toute puissance humaine. » Définition matérialiste : si la souveraineté est quelque chose, elle est un droit, non une force ou faculté. Et qu'est-ce que la toute puissance humaine ?
(3) Ecrit en 1840 (donc depuis 1790).
Biographie de Pierre-Joseph Proudhon :
« Originaire de Besançon, ayant un esprit indépendant assoiffé de connaissance, Pierre-Joseph Proudhon gagne sa vie comme ouvrier typographe tout en poursuivant ses études grâce à une bourse. Il exerce divers métiers dont la gestion d'une imprimerie.
Pierre-Joseph Proudhon, qui a des idées socialistes et révolutionnaires, s'intéresse à la politique. Il publie en 1840 "Qu'est-ce que la propriété ?" et, en 1846, son ouvrage le plus important "Le Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère" qui font de lui un théoricien du socialisme. Il correspond avec Karl Marx et le rencontre à Paris.
En 1847, Pierre-Joseph Proudhon s’installe définitivement à Paris où il devient journaliste politique. Il participe à la Révolution de 1848 et est élu député socialiste de la Constituante. Les quatre journaux auxquels il participe sont tous condamnés et supprimés. Critiquant la politique du gouvernement de la IIième République, Proudhon cherche à promouvoir une réforme du crédit et tente sans succès de mettre en place "La Banque du peuple". Il est incarcéré de 1849 à 1852 pour délit de presse (offense au Président de la République).
Sous le second Empire, il doit s'exiler en Belgique après la publication de son livre "Nouveaux Principes de philosophie pratique" (1858). Amnistié en 1860, il revient en France et, face aux contradictions de l'économie (comme le machinisme allégeant le travail de l'ouvrier, mais provoquant du chômage), il considère que la révolution est vaine et propose une autre voie, l'anarchisme. Pour lui, la liberté individuelle doit être défendue contre toutes les forces dominantes : Église, Etat et toute forme de dictature. L'individu ne doit jamais être sacrifié à l'intérêt général ou la justice sociale.
Opposé au collectivisme autoritaire de Marx, Proudhon défend un libéralisme individualiste. Rejetant autant le socialisme utopique que le capitalisme, il propose la voie du socialisme scientifique, prenant la forme de l'anarchie positive ou du fédéralisme autogestionnaire dont il est considéré comme le père.
Malgré son isolement, Proudhon a exercé une grande influence sur les milieux ouvriers et intellectuels. »
(Source de cette biographie : http://www.toupie.org/Biographies/Proudhon.htm )