dimanche 1 juillet 2012

La Poste se lance dans le dialogue.


« Le malentendu s’installe chaque fois qu’à partir d’un fait ou d’une question nous répondons par un “dialogue en conserve”, un dialogue explicatif, au lieu d’écouter les sentiments réels, le vécu intime. »
(Jacques Salomé : Papa, maman, écoutez-moi vraiment)
« Tout l’art du dialogue politique consiste à parler tout seul à tour de rôle. »
(André Frossard)
« Le plus difficile dans l'art du dialogue, ce n'est pas de parler, c'est d'apprendre à écouter. »
(Jean-Marie Petitclerc, Et si on parlait... du suicide des jeunes)
La Poste a toujours eu une fâcheuse tendance à imiter France Télécom. Cela date de l'époque où, toutes deux encore administrations de l’État, elles formaient ce qu'on appelait les PTT. Les traductions de ce sigle ont été nombreuses, burlesques et restent tenaces dans l'esprit du grand public (Petits Travailleurs Tranquilles). Pour une bonne partie de ses clients (ce ne sont plus guère des usagers depuis le changement de statut de France Télécom d'abord, puis de la Poste ensuite) les opinions reposent sur des clichés et des idées fausses telles celle-ci : les postiers sont payés avec les impôts des contribuables. Non, La Poste a son propre budget, de plus c'est elle qui reverse de l'argent à l’État car, il faut le savoir, la Poste fait des bénéfices!)
Petit rappel historique :
  • 1er janvier 1991 : La Poste, jusque-là une administration reliée aux télécommunications (PTT, Postes, Télégraphes et Téléphones, créée en 1925), devient un établissement public à part entière (loi du 2 juillet 1990)
  • 1er janvier 1999 : ouverture à la concurrence pour les lettres dont le poids est supérieur à 350 g (première directive postale européenne, adoptée en 1997)
  • 1er janvier 2003 : ouverture à la concurrence pour les lettres supérieures à 100 g (deuxième directive postale, adoptée en 2002)
  • 20 mai 2005 : loi sur la dérégulation postale pour faciliter l'ouverture du secteur à la concurrence. L'Autorité de Régulation des Télécoms (ART) se voit confier la régulation du secteur postal et est donc renommée Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP).
  • 1er janvier 2006 : ouverture à la concurrence pour les lettres supérieures à 50 g (toujours la deuxième directive postale), et création de la Banque Postale.
  • 1er janvier 2011 : fin du monopole de La Poste sur le courrier de moins de 50 g (troisième directive postale, adoptée en 2008).
Si La Poste ne peut s'empêcher de s'inspirer de la politique menée chez son ancien partenaire, quitte même à copier ses sottises et reproduire ses ratages, c'est tout simplement à cause de ces soixante années de gestion commune au sein du Ministère des PTT.
Ainsi, quand France Télécom a connu ceci :
Publié le 10/09/2010 :
« La situation ne s'arrange pas à France Télécom. En quinze jours, cinq employés de l'entreprise se sont donné la mort, à l'extérieur de leur lieu de travail, a indiqué vendredi une source syndicale. Si aucun lien avec leur activité professionnelle n'a pour l'heure été évoqué, l'affaire fait écho à la vague de suicides qui avait secoué la société de télécommunications à la rentrée 2009. Ces nouveaux décès portent à 23 le nombre de suicides dans l'entreprise depuis le début de l'année, contre 19 en 2009, a précisé à l'agence de presse Reuters, Sébastien Crozier, responsable syndical de CFE-CGC/Unsa.
L'information a été confirmée par France Télécom, qui n'a toutefois pas précisé le nombre exact de victimes. "C'est avec consternation et avec une grande tristesse que nous avons appris le suicide de plusieurs salariés du groupe", a déclaré un porte-parole de l'opérateur. Avant d'ajouter: "Ces salariés (…) n'avaient pas de lien entre eux et travaillaient dans des métiers distincts se sont donné la mort dans différentes régions de France." L'entreprise devrait procéder à des examens approfondis de la situation. »
Des agents de La Poste avaient été alertés.
Publié le 03/06/2010 :
Un syndicat de médecins du travail a publié le 20 mai dernier (2010) une lettre ouverte à la direction de la Poste, fustigeant sa gestion des ressources humaines. La Poste réaffirme ses engagements en matière de santé et de sécurité au travail.
Les mots sont durs. Dans une lettre ouverte adressée le 20 mai dernier à Jean-Paul Bailly, président de la Poste, un syndicat indépendant de médecins du travail pointe du doigt des dysfonctionnements graves au sein au groupe. Selon cette lettre également adressée à plusieurs ministres, la Poste créerait «des inaptes physiques et psychiques», notamment en raison de réorganisations du travail à répétition, ou de l'imposition «d'une très forte pression commerciale» sur les salariés.
Des «suicides ou des tentatives de suicides», un taux d'absentéisme pour maladie «qui atteint des seuils sans précédent», «des accidents du travail et des maladies professionnelles en très forte augmentation»… Voilà pour les symptômes. Le syndicat estime également que «l'indépendance du médecin du travail n'est plus assurée à la Poste», «le manque de moyen matériel et humain pouvant s'avérer être une forme d'entrave à notre exercice professionnel».
La direction de France Télécom avait décidé de trouver des solutions par le dialogue avec les syndicats.
Publié le 12/09/2010 :
"Cela vient nous rappeler que même s’il y a un nouveau dialogue social, depuis l’arrêt des mobilités forcées et des suppressions d’emplois, il reste beaucoup de risques psychosociaux dans l’entreprise", explique Pierre Morville, de la CFE-CGC-Unsa. Il pointe notamment une moyenne d’âge élevée (49 ans), un taux important de congés longue maladie, de dépressions et d’absentéisme chez France Télécom. A SUD, on est encore plus sévère: "Le climat dans l’entreprise n’a pas encore évolué sur le fond", juge Pierre Ackermann, qui demande de "revoir le fonctionnement de la chaîne hiérarchique et de certaines directions, en y associant les syndicats". Enfin, la CGT déclare que "pour remettre l’humain au coeur de l’entreprise, il faut remettre les moyens. La question de l’emploi et celle des méthodes de management posent encore problème. Les premières mesures prises sont loin de répondre au besoin de transformation de l’entreprise".
Pourtant, comme le dit un adage populaire (également valable dans les entreprises dites modernes), « on ne change pas une équipe qui gagne ! » (Cette expression est à prendre, on l'aura deviné, au sens figuré, voire ironique!)
Publié le 25/02/2011 :
Didier Lombard, le patron qui ne part pas. L’ex-PDG de France Télécom et ses méthodes avaient été mis en cause dans la vague de suicides -une trentaine entre janvier 2008 et fin 2009- qui ont frappé l’entreprise et qu’il avait qualifiés "d’effet de mode". Il y a un an, il lâchait donc les rênes opérationnelles du groupe avant de passer le relais officiellement ce 1er mars à Stéphane Richard, son successeur. Mais Didier Lombard ne prend pas pour autant sa retraite, a annoncé le groupe mercredi soir. Il devient "conseiller spécial" de Stéphane Richard "sur les orientations stratégiques et la vision technologique du groupe".
Et puis cette année, par effet de mimétisme, la vague de suicides atteint La Poste qui se retrouve brutalement sous les projecteurs de l'actualité. Les hiérarques de La Poste avaient pourtant été prévenus mais étaient restés sourds. Il faut avouer que La Poste a une particularité fort singulière qui en étonnera plus d'un : si elle calque, pour les raisons historiques vues plus haut, son comportement sur celui de France Télécom, s'inspire de ses réformes au risque de les singer et commet les mêmes erreurs, elle s'imagine que les choses tourneront différemment pour elle.
Les événements décrits ci-après en sont un exemple affligeant.
Publié le 12/03/2012 :
Le 29 février dernier, Jeremy Buan, un cadre supérieur de 28 ans, s'était donné la mort en se jetant du dernier étage de La Poste à Rennes, dans l'Ille-et-Vilaine. «Au vu de la lettre écrite par Jérémy avant son geste et rendue publique par sa compagne, on ne peut que dénoncer la souffrance au travail dont il a été victime et l'abandon qui l'ont conduit à mettre fin à ses jours», déplore la CGC dans un communiqué. «Cette situation n'est malheureusement pas exceptionnelle à La Poste. Et elle n'est pas propre à la Bretagne. De nombreux collègues sur l'ensemble du territoire subissent des pressions de plus en plus fortes de leur hiérarchie», précise Antoine Le Séguillon, un représentant du syndicat.
Depuis plusieurs mois, les organisations syndicales de La Poste dénoncent un «mal-être» grandissant au sein de l'entreprise. Elles avaient déjà été ébranlées par le suicide en septembre dernier d'une salariée de 52 ans qui s'était, elle aussi, défenestrée du quatrième étage du centre financier du 15e arrondissement à Paris, où elle venait de reprendre ses fonctions après un congé longue maladie. Et réclament aujourd'hui que ce suicide soit reconnu comme un accident du travail par La Poste.
Publié le 14/03/2012 :
Retrouvé pendu dimanche sur son lieu de travail, un cadre de la Poste avait documenté son geste. Il dénonce un acharnement depuis trois ans de la part de sa hiérarchie. Les syndicats appellent à la grève ce jeudi.
Le cadre de la Poste retrouvé pendu sur son lieu de travail ce dimanche dans le Finistère, en Bretagne, avait documenté son acte. Dans un dossier constitué de compte-rendus de réunions , de vidéos et d'enregistrements audio, l'homme détaille ses accusations contre l'entreprise. Il s'agit du deuxième suicide au sein la Poste bretonne en dix jours.
Dans les documents laissés derrière lui, le cadre quadragénaire, marié et père de deux enfants, explique notamment qu'il «considère la hiérarchie de la Poste (à tous niveaux) à l'origine de (s)a perte de repères». «Depuis plus de trois ans, j'ai l'impression d'un acharnement, d'une volonté hiérarchique de m'acculer», ajoute le cadre qui était en arrêt longue maladie depuis novembre.
La Poste, comme bon nombre d'entreprises (parmi lesquelles figure France Télécom) use de techniques de management singulières qui visent à transformer l'être humain en un pion interchangeable que l'on glisse dans les cases d'un fichier. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le « Service du Personnel » a changé de nom pour devenir « les ressources humaines » . Dans le même ordre d'idée, il n'est plus question des « salaires » mais de la « masse salariale ».
Cela donne un aperçu de ces méthodes de management, considérées par les spécialistes comme pathogènes.
Pathogène : adjectif. Qui est à l'origine des maladies.
Les Techniques de Management Pathogènes :
Il faut d’abord savoir que le juriste rattache les techniques de management pathogènes à la violation d’une règle de droit :
  • Le détournement du lien de subordination : incivilités à caractère vexatoire, refus de dialoguer, remarques insidieuses ou injurieuses, mots blessants, dénigrement et volonté de ridiculiser, moqueries.
  • Le détournement des règles disciplinaires : sanctions injustifiées basées sur des faits inexistants ou véniels ; atteinte aux avancements de grade et d’échelon, aux demandes de formation professionnelle ; évaluation et notation abusives.
  • Le détournement du pouvoir de direction : isoler, ne pas donner de travail, fixer des objectifs irréalisables, confier du travail inutile, changer arbitrairement d’affectation.
  • Le détournement du pouvoir d’organisation : modifier arbitrairement les conditions de travail ou les attributions essentielles du poste de travail.
Recenser les pratiques de management pathogènes est donc indispensable. Elles recoupent les règles de droit. La liste qui suit doit aider le manager, le salarié, son médecin du travail, son médecin généraliste, son psychiatre, à analyser les conditions de travail dans lesquelles il semble perdre sa santé.
La Poste a trouvé la solution miracle pour résoudre ses problèmes internes : reproduire le modèle fourni par France Télécom.
  • Une publicité tonitruante auprès des médias,
  • Une lettre envoyé à chaque postier,
  • Des engagements dont on se doute qu'ils ne relèvent que de la communication (dans le sens moderne du terme, c'est à dire : noyer le poisson),
  • Des promesses en tout genre pour apaiser les esprits, le personnel et les syndicats.
Publié le 18/03/2012 :
Après les suicides, La Poste ajuste sa réorganisation. Son PDG, Jean-Paul Bailly, a annoncé lundi «un grand dialogue pour améliorer la cohésion sociale» et un «calendrier plus détendu» pour la mise en place de certains projets de réorganisation.
Qualité de vie au travail : 10 mesures à effet immédiat.
Jean-Paul Bailly, Président-directeur général du Groupe La Poste a initié un cycle d’écoute sur la vie au travail par une semaine de rencontres avec les organisations syndicales du 16 au 21 mars dernier. Puis il a engagé une série de réunions plénières avec les partenaires sociaux dont une se tenait ce matin même. Au regard des engagements que le Président de la Poste a pris vis-à-vis des postiers en matière de qualité de vie au travail, la direction de la Poste décide la mise en place immédiate des 10 mesures suivantes :
  • Un budget exceptionnel de 20 millions d’euros est consacré aux mesures d’amélioration de la Vie au travail prises à l’issue du dialogue local.
  • 1000 recrutements supplémentaires sont réalisés en 2012.
  • Un cadre en charge des Ressources Humaines est affecté dans tout établissement de plus de 100 personnes afin que chacun puisse avoir accès à un responsable RH de proximité identifié et formé.
  • Aucune mobilité au-delà de 30 km n’intervient si elle n’est pas souhaitée.
  • Un délai d’au moins deux ans est respecté entre deux réorganisations pour mieux prendre en compte les enjeux de chacun.
  • Aucune nouvelle réorganisation n’est mise en œuvre jusqu’à ce que le protocole de conduite du changement que La Poste souhaite partager avec les syndicats soit finalisé ; les adaptations qui recueillent l’adhésion des postiers sont naturellement menées à leur terme.
  • En cas de mobilité suite à une réorganisation, la rémunération fixe et le dispositif de rémunération variable sont garantis.
  • Tout appel à candidatures sur son propre poste est proscrit.
  • Tout(e) postier(e) qui s’estime en situation de difficulté ou de fragilité bénéficie d’un suivi spécifique présenté périodiquement aux syndicats.
  • Tout(e) postier(e) en absence longue pour maladie bénéficie d’un suivi managérial continu et personnalisé notamment pour accompagner son retour au travail.
Un dispositif national de mise en œuvre effective et de suivi de ces mesures est mis en place.
Et puis, quand même, une idée originale et moderne : écouter ce que les postiers ont à dire, prêter attention à ce qu'ils pensent. Mais attention : on ne revendique pas. Cela a été précisé au début des sessions. Il n'est pas question non plus de s'égarer et de partir sur des terrains trop glissants : les thèmes ont été définis par la direction.
Les thèmes abordés par la commission :
  • Stratégie sociale et transformation,
  • Modèle d’organisation / Modèle de management,
  • Bilan social / mobilité / diversité et RSE (Responsabilité Sociale de l'Entreprise),
  • Dialogue social,
  • Médecine de prévention / assistance sociale,
  • Evolution du travail,
  • Nouveaux enjeux RH,
  • Impacts humains du changement.
Ce serait comme en 1789 (toute proportion gardée) : les cahiers de doléance sans la Révolution, les États Généraux sans la nuit du 4 août (la fameuse nuit de l'abolition des privilèges) ou la parole de la base sans la réponse de la direction.
Publié le 19/03/2012 :
Suicides : La Poste lance un grand dialogue social.
Le PDG de La Poste Jean-Paul Bailly a annoncé lundi à l'AFP des "ajustements" dans les réorganisations en cours dans le groupe et "un grand dialogue pour améliorer la cohésion sociale", après deux suicides de salariés survenus en Bretagne. Il a fait part de "quatre décisions importantes": "un grand dialogue au niveau national et local jusqu'au 15 septembre, un cycle rapide de négociations pour aboutir à un train de mesures concrètes d'ici le 30 avril, le report de six mois du déploiement de l'actionnariat salarié et la nomination d'une médiatrice de la vie au travail".
Le PDG a reçu la semaine dernière l'ensemble des organisations syndicales, dans le cadre d'un "cycle d'écoute et de dialogue sur la santé et le bien-être au travail". Ces consultations ont eu lieu après les drames récents qu'a connus le groupe, notamment les suicides en Bretagne de deux cadres du groupe, le 29 février et le 11 mars. L'un des cadres a laissé une série d'écrits bouleversants dans lesquels il accusait l'entreprise d'être à l'origine de sa "perte de repères" et faisait part de ses dernières volontés.
Jean-Claude Bailly a indiqué qu'il pourrait y avoir des "ajustements" dans les réorganisations et certains projets qui pourraient "trouver un calendrier plus détendu". Mais il a rejeté l'idée d'une pause globale des réorganisations, insistant sur le fait qu'il y avait "des centaines de projets en cours". "L'entreprise ne s'arrête pas. Une entreprise de la taille de La Poste ça se dirige en donnant du sens, en donnant du mouvement, pas en lui demandant de faire une pause", a-t-il insisté.
Qualité de vie au travail : Jean Kaspar nommé Président de la Commission du grand Dialogue de La Poste.
Le 19 mars dernier, Jean-Paul Bailly, Président-directeur général du Groupe La Poste annonçait 4 mesures pour améliorer la qualité de vie au travail et décidait de lancer un grand dialogue sur la vie au travail au sein de l’entreprise. Cette démarche se déroulera simultanément aux niveaux national et local. Dans chaque établissement de La Poste, un examen complet de la vie au travail sera réalisé avec les syndicats et les postiers au travers de réunions d’écoute, de dialogue et d’action.
Avec l’appui des membres de la commission, Jean Kaspar aura pour mission, d’analyser la situation de l’entreprise et de ses salariés, en matière de vie au travail. Pour mener à bien cette analyse, il aura toute latitude pour solliciter l’apport d’experts et de toute personne qu’il jugera utile d’auditionner. De même, la Commission pourra procéder à toutes les auditions et visites nécessaires, qu’il s’agisse de parties prenantes internes ou externes.
Jean Kaspar remettra dès le début du mois de septembre au Président de La Poste un rapport qui précisera l’analyse de la situation faite par la commission et formalisera toutes les préconisations et propositions qu’elle jugera utiles. La commission débutera ses travaux dès le mois d’avril. Elle tiendra ses séances au Siège du Groupe La Poste.
Le client (voir note ci-dessous) qui va chercher son recommandé ou acheter son timbre au guichet de son bureau de Poste, qui va placer ses économies auprès d'un conseiller financier ou qui va s'équiper d'un téléphone mobile ne sait en général pas que La Poste s'est scindée en différents métiers séparés les uns des autres par des organisations différentes. La séparation peut même être physique et solide : un mur sépare désormais les facteurs des guichetiers dans les locaux où ils coexistaient naguère. Une organisation, lorsqu'elle est menée à l'emporte-pièce, peut conduire à la désorganisation, à la pagaille. Les postiers ont déjà tous rencontré les tracasseries liées à ces restructurations continuelles et irréfléchies : l'accès aux sanitaires (pour le peu qu'ils soient situés dans une zone gérée par un autre métier), l'entretien des bâtiments (dévolu au métier qui a le plus de personnel), le partage de l'électricité, du téléphone, de l'eau, l'accès au parking du personnel (quand par chance celui-ci existe). Toutes ces tracasseries peuvent être perçues comme autant de formes de harcèlement quotidien.
Note : L'utilisation du terme « client » n'est pas fortuite. Les derniers fonctionnaires qui opèrent à La Poste préfèrent utiliser le mot « usager ».
Client : Personne qui reçoit d'une entreprise, contre paiement, des fournitures commerciales ou des services : Les clients d'un hôtel.
Usager : Personne qui a recours à un service, en particulier à un service public, ou qui emprunte le domaine public : Les usagers de la route.
Pour résumer, les métiers de La Poste peuvent se définir comme suit :
  • L’Enseigne : Elle rassemble les guichetiers des bureaux de Poste.
  • Le Courrier : il regroupe les facteurs (qui distribuent le courrier) et les agents qui l'acheminent.
  • Le Colis : Direction indépendante du Courrier et réservée aux paquets.
  • La Banque Postale : Ce sont les anciens CCP (Compte-Chèques Postaux) qui étaient devenus CRSF (Centre Régional des Services Financiers). A noter que les conseillers financiers des bureaux de Poste chez qui le client va placer ses économies ne fait pas forcément partie du personnel de la Banque Postale.
Ces métiers (ou ces Directions) ne sont pas les seules. Pour des renseignements complémentaires , cliquez sur le lien suivant :
Il existe une Direction Nationale qui travaille pour tous ces métiers : La DSEM (C'est à dire la Direction du Support Et de la Maintenance)
Cette direction assure le déploiement et la maintenance des équipements techniques et informatiques de la plupart des sites postaux. Elle est, comme toutes les autres entités du Groupe La Poste, touchée par le Grand Dialogue ». Voici ce qu'en pense le syndicat SUD.
Tract Sud du 18/06/2012 (extrait) :
Hubert Certes, directeur de la DSEM a présenté le grand dialogue au sein de la Direction Technique.
Comme partout, avec groupes d'écoutes des encadrants puis des agents sur les thèmes retenus par le Siège.
Evidemment, comme pour toutes les fois où les agents sont conviés à « s'exprimer », nous pensons que l'organisation de telles réunions par la hiérarchie directe n'est pas la meilleure des solutions. Mais, cette fois, au moins les agents de la DSEM auront l'occasion d'exprimer leur satisfaction des régimes de travail actuels.
A la suite de ces réunions, la direction de la DSEM organisera une réunion avec les syndicats pour nous présenter la synthèse dans la seconde quinzaine de juillet. Date butoir pour remonter les synthèses à la commission Kaspar…
Mais il faut savoir que la DSEM a une vision très curieuse (voire fantaisiste, sans rapport avec la définition du dictionnaire) et très personnelle du dialogue : un monologue qui va toujours dans le même sens. Il part toujours du haut et se répand vers le bas « en pluie fine » pour reprendre l'expression d'un Directeur Délégué que les agents des ATM de la Délégation Nord-Ouest connaissent bien.
Une telle mentalité de la part d'un Directeur Délégué ne laisse rien présager de bon pour le grand dialogue souhaité par La Poste. Avant d'engager toute espèce de concertation, pour que les choses aient l'air crédibles, peut-être aurait-il fallu recadrer les équipes dirigeantes ou les remplacer. Tant que la Direction du Groupe La Poste continuera à employer, recruter et soutenir des managers tenant des propos méprisants, les personnels qui œuvrent sur le terrain ne pourront que douter de la sincérité, ou du moins de l'efficacité de toute tentative de dialogue.
Définition du dialogue :
  • Conversation entre deux ou plusieurs personnes sur un sujet défini ; contenu de cette conversation ; entretien, discussion.
  • Discussion entre personnes, entre partenaires ou adversaires politiques, idéologiques, sociaux, économiques, en vue d'aboutir à un accord ; conversations, pourparlers.
Définition du dialogue social :
  • Le dialogue social recouvre tout ce qui favorise la compréhension entre les différentes composantes de la société.
  • Le dialogue social selon l'organisation international du travail inclut toutes formes de négociation, de consultation ou simplement d'échange d'informations entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur des questions d'intérêt commun liées à la politique économique et sociale.

1 commentaire:

  1. Ils est des agents des Ex-Ptt très largement oubliés et discriminés depuis 20 ans !

    La discrimination que subissent les fonctionnaires ayant opté pour le maintien sur leur grade d'origine des PTT des corps dits « de reclassement » et privés depuis 1993 de leur droit à la promotion interne, est reconnue par les juges et bien connue de la représentation nationale.
    La reconstitution de la carrière de ces fonctionnaires à France Télécom et La Poste fait l'objet de nombreuses interventions de parlementaires ayant comme réponse la même que nous a fait le ministère du redressement productif en date du 10 octobre dernier.
    Il faut savoir que dès le Comité Technique Paritaire du 21 décembre 1990, La Poste et France Télécom anticipaient la création des corps dits de classification et décidaient qu'à partir de 1993, l'avancement ne se ferait plus que vers les grades de ces futurs corps. En dépit d'arrêts constants du Conseil d'État, La Poste et France Télécom ont illégalement bloqué les carrières des agents dits “reclassés” n'ayant pas, comme c'était de leur droit, opté pour les nouveaux corps de classification propres aux deux opérateurs.
    Les grades de ces corps correspondent à des emplois et des métiers. Jusqu'en 1992, les agents changeaient d'emploi par concours, examen professionnel ou mutation ; ils intégraient les corps et emplois par nomination suite à avis de la commission paritaire du corps d'accueil. En créant des corps dits de « classification » propres aux opérateurs, l'État leur permettait d'adopter des grilles indiciaires hors des grades attachés à ceux de la Fonction Publique.
    La majorité des fonctionnaires de La Poste ont ensuite bénéficié des grilles indiciaires plus avantageuses de la classification qui s'est déroulée de 1993 à 1999. Ils ont été placés, en grande majorité, sur une grille indiciaire qui est similaire à celle du grade supérieur de leur corps dits « de reclassement ».
    Le principal argument en faveur de la classification fut d'ailleurs un comparatif des carrières indiciaires entre les différents corps. Les agents qui venaient de bénéficier du changement de grille indiciaire du reclassement ont signé pour la nouvelle aubaine.
    Le Conseil d'État a établi la faute solidaire de l'État, France Telecom et La Poste. Des décrets ont ré-ouvert l'avancement au mérite, à France Telecom en 2005 et à La Poste en 2010. Mais les procédures sont menées irrégulièrement et ne reviennent pas sur le passif. France Telecom et La Poste ne réparent toujours pas les carrières.
    Ainsi, La Poste n’applique pour l'avancement des reclassé-e-s un ratio de 2,46% de l'effectif total des agents en reclassement alors que les promotions sont de 7 à 10 % par an pour les autres personnels.
    Et si des agents dits « reclassés » ont opté volontairement pour des grades supérieurs de reclassification, c'est faute d'autre voie d'avancement proposée.
    Enfin, les réparations pour faits de guerre ont bien été individuelles et n'ont pas été automatiques.
    Une procédure individuelle décidait ou non du bien-fondé de chaque requête et pouvait aboutir, encore récemment, à recalculer le montant des pensions de ces fonctionnaires.
    N’oublions pas que les administrateurs dirigeants de La Poste bénéficient, eux, de « promotions systématiques » depuis un décret de mars 2002. Ces administrateurs l'ont obtenu du législateur sans se soucier de l'appliquer à d'autres catégories de fonctionnaires qui, comme eux, n'ont pas intégré les corps de classification.

    Vincent Nouvel (Bureau National "reclassés" SUDPTT - SUDPTT 76/27)
    02 35 63 20 20 - 144 Bld de l'Europe 76100 ROUEN

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