lundi 9 avril 2012

Lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon.


Lettre ouverte à Monsieur Jean-Luc Mélenchon
Candidat à l'élection présidentielle de 2012 pour le « Front de Gauche ».
1789 a apporté à la France tous les espoirs de la Révolution et la fameuse « Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen ». Les années suivantes sont connues pour les égarements de la Convention, la Terreur et la guillotine. 1793 a cependant fourni des textes que la postérité a, hélas, préféré oublier.
« Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures. »
(article 28 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793)
« Les projets de loi sont précédés d'un rapport. », « Le projet est imprimé et envoyé à toutes les communes de la République, sous ce titre : loi proposée. », « S'il y a réclamation, le Corps législatif convoque les Assemblées primaires. »
(articles 56, 58 et 60 de la Constitution de 1793)
Monsieur,
J'étais jusqu'à ces dernières heures, candidat à la Présidence de la République. Je devrais dire que j'étais un « petit candidat » ou plutôt, comme disent les journalistes désormais, un « micro-candidat ». Ce vocable ne parvient même pas à dissimuler tout le mépris des médias pour ce que je préfère désigner par « candidatures alternatives », avec des projets en marge des programmes des candidats « classiques ». Je ne figurais donc pas dans la liste de ces hommes politiques qui bénéficient des faveurs des groupes de presse et de tout l'intérêt des instituts de sondage, et mon projet de société a été automatiquement considéré comme « farfelu » puisqu'il ne représentait pas de parts significatives du marché électoral. Voilà, par exemple, comment un journaliste du web considère les « petits candidats » :
« En toile de fond de ce qui est la plupart du temps dépeint comme une lubie, leur candidature est une critique affûtée du présidentialisme à la française dont le général de Gaulle, avec sa révision constitutionnelle de 1962, a été le principal instigateur. Les micro-candidats de 2012 ne seraient donc que les héritiers directs de Pierre Dac ou Marcel Barbu qui, dès 1965, étaient parmi les prétendants au rôle de Président —le second était d'ailleurs au bout, recueillant 1,15% des voix. »
L'étape indispensable pour être considéré officiellement comme candidat passe par le recueil des parrainages. Je ne suis pas parvenu à réunir les 500 signatures requises et, mieux encore, à la date du 15 mars, j'avais réussi l'exploit de ne pas en avoir obtenu une seule. Aucun des 35000 élus contactés sur tout le territoire national n'a pris la peine de me « présenter » pour l'élection présidentielle, pas même madame le Maire de Saint- Wandrille-Rançon, la petite commune de 1175 habitants de Seine Maritime où je suis établi depuis près de 6 ans. Les raisons de cette désaffection sont multiples et pas toujours objectives, jugez-en vous-même :
  • « Je ne me reconnais pas dans les petits candidats et les grands n'en ont pas besoin. Dans l'esprit des gens, quand on parraine, on est sensé cautionner le candidat. Ce n'est pas ce que je pense mais c'est perçu comme tel. » (Jean-Pierre Varlet, Maire de Sainte-Marie-Cappel, département 59)
  • « Les gens connaissent ma sensibilité, mais je suis élue sans étiquette et il est hors de question de soutenir l'un ou l'autre. » (Annic Dessaux, Maire de Saint-Wandrille-Rançon, département 76)
  • « J'ai déjà été sollicité par au moins 8 candidats mais je ne le donnerai à personne. Celui que je souhaite parrainer n'a pas besoin de moi et je trouve qu'il y a trop de candidats et ce n'est pas bon pour la démocratie ». (Pierre Brussart, Maire de Labroye, département 62)
  • « La marge de manœuvre des élus locaux semble se réduire et pas seulement à cause des intercommunalités et du chantage aux subventions. La pression vient parfois de l'intérieur. Jean-François Daraud, responsable départemental du Nouveau Centre, rapporte le témoignage d'un maire qui avait donné son parrainage à Alain Madelin en 1995. "Il était prêt à signer pour Hervé Morin, mais il a eu pas mal de problèmes au sein de son conseil en 95. Il ne voulait pas revivre ça." »
  • « Pour éviter une multitude de candidatures, les grands partis font pression sur les élus pour qu'ils n'accordent pas leurs parrainages aux petits candidats. Puisque les noms des signataires sont rendus publics, les maires craignent soit des sanctions de leurs électeurs lors des prochaines élections municipales pour avoir soutenu un candidat, soit des pressions de la part des grands partis qui détiennent souvent le pouvoir exécutif dans les régions ou les départements. »
  • « Si un maire accorde un parrainage à un petit candidat, on peut en représailles lui retirer les subventions. Par conséquent, les "petits candidats" rencontrent des difficultés pour obtenir les 500 signatures. Ces difficultés peuvent concerner des candidats qui recueillent pourtant des millions de voix lors de ces élections. »
Les élus, qui s'offusquent des taux d'abstention record, devraient commencer par se poser des questions sur leur propre engagement : 67 pourcents d'entre eux n'ont « présenté » aucun candidat !
« Voter est un droit, c'est aussi un devoir civique. » (inscription sur toutes les cartes d'électeur.)
La Démocratie est malade des abus de ceux qui détiennent tour à tour le pouvoir et veulent l'exercer seuls, sans partage ni respect des règles pourtant garanties par « le Bloc de Constitutionnalité ». La République elle-même n'est pas seulement malade, elle est moribonde. La révision constitutionnelle de 2008 ressemble à s'y méprendre à un coup d'état à tel point que rétablir tout simplement l'Empire n'aurait pas été pire. Ce n'est pas pour rien que les journalistes de l'Europe entière comparent Nicolas Sarkozy à l'Empereur Napoléon, son quinquennat à un Troisième Empire et les institutions de la Cinquième République à une « Monarchie Républicaine ».
« Depuis son élection au suffrage universel direct, le président de la république jouit du plus grand prestige et de la plus grande légitimité possible en France. Il est le chef de l'État, le chef des armées et le garant de la constitution de la Vème république française. Cette institution existant depuis la IIème République n'a jamais eu un pouvoir aussi fort. C'est pourquoi certains qualifient le Président de la République de monarque républicain car, l'augmentation de son influence donne l'idée d'un «pouvoir personnel». En effet, depuis 1958 et le début de la Vème République et jusqu'à aujourd'hui son influence n'a cessé de croître. » (Wikipédia.fr)
La France n'est plus une République ! Le Peuple s'est soulevé en 1789, allant jusqu'à guillotiner le roi, il a exilé ses despotes : Charles X en 1830, Louis-Philippe en 1848 et Napoléon III en 1870. Tout ça pour en arriver aux dérives actuelles de la « Monarchie Républicaine » dans laquelle « les électeurs guillotinent symboliquement le roi tous les cinq ans » comme l'avait précisé un article de l'hebdomadaire l'Express.
En France, la République se meurt, aurait pu dire Eugène Ionesco, et, sans doute sans le vouloir, c'est le Général de Gaulle qui lui a administré les derniers sacrements en 1962 en livrant la magistrature suprême en pâture aux partis politiques. En réduisant le mandat du président de sept à cinq ans et en le faisant coïncider avec la durée de la législature, ce qui évite désormais toute possibilité de cohabitation, les législateurs ont fait de la France ce qu'on peut appeler « une démotature » ou encore une « dictocratie », une dictature quinquennale d'un seul parti avec une vitrine démocratique. En effet, pendant cinq ans, le pays est gouverné par un Président, issu d'un parti vainqueur des élections, un Gouvernement, choisi parmi la majorité parlementaire et une Assemblée Nationale de même tendance qui entérine tout ce qui lui est soumis à l'instar les Parlements de l'Ancien Régime. Le peuple peut alors défiler par centaines de milliers dans les rues, personne ne l'écoute.
* * * * *
Une deuxième étape importante pour prétendre être candidat à la Présidence de la République, c'est l'accès aux médias. Si la presse écrite, les radios et la télévision tant publiques que privées tracent des avenues aux candidats des grands partis, elles placent des « barrières de dégel », ou des péages, sur les quelques rares sentiers qu'elles abandonnent à ces micro-candidats, que de fort rares curieux osent venir interroger.
« Je vais saturer l’espace médiatique ! » annonçait Nicolas Sarkozy juste avant son entrée en campagne. Promesse tenue. "Séquence" après "séquence", les candidats à l’élection présidentielle se battent autant pour prendre de la place dans les médias que pour accéder à l’Elysée. (francetv.fr)
« Les médias ont-ils tué les petits candidats ? A 50 jours de la présidentielle, les médias ont définitivement enterré tous les candidats, excepté François Hollande et Nicolas Sarkozy. Or, sans les médias, impossible de gagner une élection... » (blogs.lexpress.fr)
« Comment se fait-il que des candidats sérieux aient du mal à se faire entendre sur les médias et à obtenir des signatures ? Les maires sont réticents à donner leurs parrainages, puisqu'ils sont menacés directement par les grands partis à la tête des grands organes de se voir supprimer leurs subventions ? Comment se fait-t-il que les instituts de sondages ne parlent pas de tous les candidats ? Comment se fait-il qu'il y ait une inégalité de temps de parole dans les grands médias et une inégalité de financement de campagne ? Comment se fait-il qu'on préfère parler de la candidature de Dédé l'Abeillaud au lieu d'inviter François Asselineau ? » (Alexandre Guédès, sur newsring.fr)
« L’élection présidentielle est l’occasion de pointer du doigt le mépris réservé par les grands médias à ceux qu’ils appellent les « petits » candidats. Le crédit qui leur est accordé par les journalistes est malheureusement corrélé à leur score dans les sondages d’intention de vote… Si la campagne pour l’élection de 2012 n’échappe pas à cette règle, c’est dans l’émission « Le Grand Journal » de Canal +, régulièrement épinglée par Acrimed, que les distorsions sont les plus significatives. « Vous devez être le prototype du candidat inutile dans cette campagne. Totalement inutile. » C’est ainsi que Jean-Michel Aphatie donnait son avis sur le pluralisme lorsqu’il s’exprimait face à Jacques Cheminade, sur Canal +, le 31 janvier 2012. » (alterinfo.net)
Si je n'ai pas eu le droit à la parole, mes idées ont été publiées sur mes quatre sites Internet et mises à jour régulièrement. Un collègue et ami, lorsque je lui fis part de ma décision de proposer ma candidature à l'élection présidentielle, m'a dit ceci :
« Tu ne sera jamais élu, mais le plus important c'est que tes idées seront diffusées ! »
En effet, depuis quelques semaines, j'ai remarqué que des idées et des propositions que j'avais publiées sur la toile, des citations de textes de la période révolutionnaire que j'avais ressorties d'un oubli immérité ont été reprises par des candidats, tous horizons confondus. Finalement, l'éveil des consciences des électeurs aux idées nouvelles n'est-il pas plus important que l'espoir illusoire d'accéder à la possibilité de les mettre en œuvre soi-même, surtout lorsqu'on est un « micro-candidat » aux possibilités financières très modestes.
Un adage prétend que « qui ne risque rien n'a rien ! » J'ai donc décidé de me lancer dans la campagne en créant « le Mouvement Royauté Républicaine Française » que j'avais défini ainsi dans un premier dossier de presse envoyé début 2011.
  • La « Royauté Républicaine Française » n’est pas un mouvement ni une association royaliste. Ce nom a été choisi par opposition à la « Monarchie Républicaine » qui, aux yeux d'un nombre croissant de journalistes, caractérise le régime présidentiel actuel.
  • La « Royauté Républicaine Française » ne se range donc derrière aucun des prétendants qui revendiquent un trône que, tout comme la République, elle ne reconnaît en aucune manière.
  • La « Royauté Républicaine Française » repose sur les principes historiques issus de la Révolution de 1789 et se base sur les textes qui forment désormais ce qu'on désigne par « Bloc de Constitutionnalité », à savoir :
  • La « Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen » approuvée par le roi Louis XVI,
  • Le « Préambule de la Constitution de 1946 », toujours d'actualité,
  • La « Constitution de la Cinquième République », promulguée en 1958 par le Général de Gaulle.
  • La véritable Royauté repose sur la « Souveraineté de la Nation » et non sur celle d'un Président de la République, même s'il est élu au suffrage universel. Son principe, comme le précise le texte de la Constitution actuelle, est un « gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple ».
  • La « Royauté Républicaine Française » est indépendante de tout parti politique. Elle veut simplement proposer un réaménagement des institutions actuelles autour des valeurs républicaines dont il est question depuis quelques temps.
Fin 2011, j'ai défini les différents points de mon programme que j'ai expédié aux élus de la Nation en vue de l'obtention des 500 signatures :
  1. Si la Royauté repose sur la Souveraineté d'un seul homme et la République sur celle de la Nation, la « Royauté Républicaine » garantira à l'Universalité des Citoyens le plein et entier exercice de sa Souveraineté. Elle sera le rempart à toute hégémonie de la gauche ou de la droite dans l'actuelle « Monarchie Républicaine » qui n'écoute personne.
  2. Les textes fondateurs de la République (la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, le Préambule de la Constitution de 1946 et la Constitution de 1958) contiennent déjà tous les éléments nécessaires à l'établissement d'une véritable démocratie. Un « gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple » est donc possible.
  3. La République appartient à la Nation entière et non à ses seuls représentants. La Nation a donc un droit de regard inaliénable sur la conduite de la politique et la gestion de la République. La France est une démocratie laïque et sociale : elle doit respecter tous les avis et reconnaître toutes les opinions.
  4. A chaque élection, les partis politiques donnent une orientation générale à la politique menée par le gouvernement. Ils ne doivent pas se substituer à la Nation, seule détentrice de la souveraineté, même s'ils exercent un mandat en son nom. Le Gouvernement sera représentatif du Parlement.
  5. « La loi est l'expression de la volonté générale ». « Les Citoyens ont le droit de concourir à sa formation ». Selon ces principes, la loi doit être élaborée, décidée et votée avec l'assentiment de tous et s'appliquer à tous sans aucune exception.
  6. Rien ne pourra être établi durablement sans le soutien et l'accord de tous. Les Comités de Citoyens assisteront les élus de la Nation dans la formation de la loi. Ils apporteront leurs avis et opinions, auront la possibilité de modifier tout projet de texte et interviendront directement dans la gestion des affaires de la République, leur République.
  7. Plus qu'une démocratie participative, le Mouvement Royauté Républicaine Française propose une démocratie avec implication du Citoyen. Toute personne majeure résidant, travaillant et déclarant ses revenus en France doit pourvoir voter, même si elle est étrangère. Il ne faut plus parler d'intégration mais d'une inclusion dans la République.
  8. Tous les Citoyens, individuellement ou réunis en « Comités » pourront user du droit de pétition ou de votation publique en plus du référendum. Tous ces recours sont adressés au Président de la République. Il les transmet au Gouvernement qui a pour obligation d'y répondre ou d'y donner suite.
  9. Le Président de la République n'est pas élu pour gouverner : il est un médiateur et un arbitre. Il est garant des institutions et s'assure que la politique menée par le Gouvernement est conforme aux intérêts et aux attentes de la Nation en assistant et présidant régulièrement des Comités de Citoyens.
  10. La Nation possédera un droit de veto (suspensif ou définitif) grâce au bulletin blanc qui sera compté comme suffrage exprimé. Selon son importance, il pourra reporter ou annuler des élections et rendre ponctuellement inéligibles les candidats présents au scrutin.
Le Peuple de France ne doit pas attendre l'homme providentiel qui réglera tous les problèmes à sa place. Si certains Présidents ont réussi à incarner la République au point de participer à cette « Monarchie Républicaine » qui caractérise les institutions actuelles, c'est parce qu'ils avaient compris la Nation, entendu son appel. Cette forme de paternalisme est désormais révolue : la Nation doit trouver elle-même ses propres solutions et puiser dans la richesse de son expérience, la diversité de ses origines et la multiplicité de ses cultures les moyens de gérer la République dans l'intérêt de la communauté.
Depuis le vendredi 16 mars, date limite de dépôt des 500 signatures et le lundi 19 mars, jour de la proclamation de la liste officielle des candidats à l'élection présidentielle par le Conseil Constitutionnel, je sais que je ne suis plus candidat. J'ai donc choisi de soutenir un des candidats officiels dont le programme, à mes yeux, se rapproche le plus du mien. J'ai donc choisi de vous soutenir. Certes, je n'amènerai pas des millions de voix, mais la mienne et celles de mon entourage vous sont désormais acquises.
Je vous prie d'agréer, Monsieur Mélenchon, l'expression de mes sincères salutations.
« La parole est au peuple. La parole du peuple, c'est la parole du souverain. »
« La démocratie, c'est le gouvernement du peuple exerçant sa souveraineté sans entrave. »
(Charles de Gaulle,
discours du 25 août 1944 et du 27 mai 1942)
Saint-Wandrille-Rançon, le 9 avril 2012.
Pascal Dequéant,
au nom du « Mouvement R.R.F. »

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